Bagdad – Walid Abdelamir Alwan
Nous avions tenté àplusieurs reprises d’avoir une interview avec le premier ministre du tourisme de l’Irak, àson bureau àBagdad, en vain ; du fait du lieu où se trouve son bureau, la zone verte, et des occupations du ministre. Mais, paradoxalement, lors de notre participation àl’Exposition du Kurdistan pour la reconstruction de l’Irak, nous avons rencontré M. Hachem Al-Hachami, ministre du tourisme et du patrimoine, qui y était présent et nous avons eu avec lui l’entretien suivant :
v On parle beaucoup des problèmes du secteur touristique en Irak, pouvez-vous nous donner votre perception de la réalité actuelle et votre évaluation ?
- Certes, le secteur touristique a souffert, durant plus de trois décennies, d’une négligence manifeste, du fait de l’hégémonie des appareils de renseignement et de sécurité. La situation s’est davantage aggravée, suite àla chute du régime et les opérations de pillage qui l’ont suivie. En conséquence, une destruction totale a touché le secteur, particulièrement les infrastructures touristiques, devenues des ruines et un véritable fardeau pour le budget de l’Etat, au lieu que leurs revenus soient une source alimentant son trésor. De même, nous n’avons pas constaté une véritable volonté de réforme, sous le prétexte de la situation critique du pays. Ainsi, le tourisme n’a pas bénéficié de l’attention qu’il mérite. Je ne vous cache pas qu’on n’a pas une baguette magique. Le tourisme est actuellement en détérioration, mais les opportunités de sa progression et son développement existent encore. C’est pourquoi nous avons appelé pour la tenue d’un large forum pour examiner la situation du secteur touristique en vue de le sortir de cette triste réalité.
v Les professionnels ne cessent de rappeler : « Pas de tourisme sans hôtels et pas d’hôtels sans touristes » ; comment voyez-vous la situation des hôtels en Irak ?
- Le niveau des hôtels en Irak est certes déplorable. On ne peut même pas les comparer quantitativement et qualitativement avec ceux des pays voisins. Toutefois, le développement d’une industrie hôtelière en Irak n’est pas une chose difficile. Cela exige tout simplement des investissements étrangers importants. Donc, il faut élaborer des lois, octroyer des facilités aux investisseurs ; afin de faciliter l’afflux de capitaux. On ne doit pas oublier le secteur privé qui a été longtemps marginalisé. Sa dynamisation est désormais l’une de nos priorités, car il va contribuer efficacement àl’activation de l’industrie hôtelière. Notre présence dans cette exposition est justement pour rencontrer ces investisseurs étrangers et nationaux, en vue de les inciter àaffecter leurs investissements dans ce secteur vital.
v On dit que le meilleur investissement en Irak concerne le tourisme religieux, dont les investissements sont rentables au bout de deux ans ; quelle est la réalité du tourisme religieux ?
- Je crois que le tourisme religieux est la colonne vertébrale du tourisme en Irak. Nous avons focalisé notre attention sur ce secteur. Si la situation sécuritaire le permettait, on aurait pu réaliser des résultats très positifs durant cette courte période. En dépit de cela, nous avons pu conclure un accord avec l’Iran, en vue de réactiver le retour des visiteurs iraniens aux lieux saints du Nadjaf, Karbalaa, al-Kadhmiyah et Samaraa. De même, on a conclu des accords avec les pays voisins pour l’organisation de l’entrée des visiteurs de manière régulière et ordonnée ; afin qu’il n’y ait aucune perturbation pour les intervenants dans le secteur touristique irakien qui sont engagés àoffrir les services les meilleurs.
v La question de l’héritage historique et des patrimoines qui ont été pillés suscite encore l’intérêt des associations culturelles internationales. Où en est la récupération du patrimoine pillé ?
- Vous n’êtes pas sans savoir que cela nécessite la conjonction des efforts, tant sur le plan local qu’international. Nous avons demandé l’aide de certains pays dans ce sens. Des pays nous ont fait des propositions pour récupérer les articles ; et nous avons pu déjàen récupérer certains. Nous avons aussi établi une base de données de l’héritage patrimonial irakien et l’avons mise sur Internet. Interpole peut la consulter au cas où elle aurait trouvé certaines de ces pièces historiques. Nous avons également pris contact avec des associations internationales, intéressées par l’héritage et la culture, en vue d’avoir leur soutien àce niveau.
v Comment voyez-vous l’avenir du tourisme en Irak ?
- Je n’exagérerais rien, en disant que, si la sécurité est rétablie, l’Irak serait un pôle d’attraction du tourisme mondial, car ce pays est riche d’un patrimoine civilisationnel exceptionnel et de lieux saints pour toutes les religions monothéistes. |