Reportage: Walid Abdul-Amir Alwan
Photographie: Khalid Walid Al-Tamimi
L’Irak est incontestablement le berceau de la civilisation humaine et la première terre habitée. C'est aussi le pays où l’écriture a commencé et où l'homme a quitté la vie des cavernes pour habiter aux bords des rivières. Le Musée d'Irak situé au sud-ouest de Bagdad expose les fruits de 10 000 ans de la civilisation de ce pays très anciens. Logé àsa création en 1923 dans une petite sale dans le district Queshla, sur le côté Est, près de la rivière, le Musée irakien a été déplacé àson bâtiment actuel suite aux explorations des équipes scientifiques irakiennes et étrangères qui ont découvert de nouveaux trésors.
Le Musée irakien
Le Musée irakien occupe une superficie de 4700 m². Il a été ouvert en 1963 et a été étendu continuellement et rénové jusqu'en 1983. Suite àses expansions, le Musée avec ses 28 grands couloirs d'exposition, occupe la cinquième place dans le monde. Les couloirs ont été divisés en deux niveaux : rez-de-chaussée et étage supérieur et classifié d'après les principales époques historiques de l'Irak.
- Pré-Histoire:
Le premier couloir de l’étage supérieur, comprend des expositions sur les vestiges des premiers hommes des cavernes qui ont habité les parties du nord de la Mésopotamie entre 100 000 – 10 000 ans av. J-C: le temps où l’homme vivait de chasse et de cueillette.
- L’Homme de Neandertal:
L'objet exposé le plus intéressant de ce couloir est le squelette de Neandertal. Cet homme est remarquablement différent de l'homme actuel (l'Homo sapiens ). Ses restes ont été trouvés dans la région Rawanduz, de la province Irbil au nord de l’Irak, par une mission américaine en 1951. Il est distingué par son crâne long et façonné ainsi que par son grand visage. Les opinions diffèrent encore au sujet de savoir si oui ou non l’homme de Neandertal a évolué pour devenir l’homme actuel.
Ce couloir inclut aussi des outils utilisés par le premier homme faits d'une pierre dure façonnée en marteaux et haches. Les objets exposés caractérisent le développement du premier homme jusqu'au commencement de l'agriculture et la domestication d'animaux: semence enfumée, outils agricoles, poterie de pierre et autres articles improvisés. Les dieux sont représentés par de petites statues de femmes nues portant leurs enfants, symbole de fertilité et de procréation.
- L'époque Sumérienne:
La première partie de ce couloir inclut le groupe Warka, relatif àune période historique de quelques 3 600 ans av. J-C, et inclut la première aiguille, aussi bien qu'un visage d'une fille d'al-Warka, connu comme Le Warka Monaliza, et l'intestin sacrificiel qui est long d'un mètre. L'intestin représente l'origine de la vie et ses aspects différents. Les dessins commencent avec l’eau, puis les plantes, suivies par les animaux et les prêtres de temple.
La deuxième partie du couloir Sumérien inclut des statues des princes Sumériens datant d’environ 2 500 ans av. J.C, des tablettes sacrificielles, un squelette d'un combattant, et une tablette qui montre comment les produits laitiers étaient fabriqués. Les techniques semblables sont encore en usage aujourd'hui.
Quant àla Harpe d'or, qui est considérée comme la plus importante découverte du cimetière royal d'Ur, elle se trouve dans la troisième partie du couloir Sumérien, avec d’autres découvertes.
- L'époque Akkadienne:
Les Akkadiens sont la première dynastie Sémite àavoir habité en Mésopotamie. Elle a été fondée par Sargon l'Akkadien (2334-2279 avant Jésus-Christ) qui a aussi fondé la capitale Akkadienne, Akkad, près de Babylone. Le couloir contient des inscriptions de différentes pierres et des cachets cylindriques. Le plus important objet exposé est la statue de 450 grammes de Narram Sein (2254-2218 av. J.C.) en bronze, représentant le roi quand il était bébé.
- L'époque Babylonienne et Hatra:
Un des couloirs les plus importants représente la vieille et nouvelle période de Babylone. Le couloir de l’ Ancienne Babylone contient quelque poteries sous forme de lions assis grandeur nature, découverte dans différentes régions d'Irak, y compris le site de Babylone et le barrage du district Haditha. Il inclut aussi l'Aiguille de Dado Sham, datant de 1800 ans av. J.C., des échantillons de briques, pierres, et fondations qui représentent le début de l'écriture, de l’an 3000 av. J.C. jusqu'àla période romaine.
Le couloir Hatra inclut des statues de pierre de princes et princesses de l’an 200 av. J.C. àl’an 200 ap. J.C. Il a été divisé en deux couloirs et la plupart de ses objets exposés sont maintenant dans le stockage.
- L'époque Assyrienne:
Les objets exposés ici appartiennent àla période allant de l’an 2004 av. J.C. àla chute de Ninive, la capitale de l'empire Assyrien tardif àl'empire Médian autour de l’an 612 av. J.C. Ce couloir inclut des bœufs ailés énormes, probablement les anges-gardiens de la ville, avec statues des Dieux, et le morceau frontal du trône du Roi Salmanasar III aussi bien que deux statues du roi lui-même.
Le couloir Assyrien Central inclut les aiguilles des rois Assyriens découvertes àMousoul . Une partie est consacré àdes statues en ivoire qui représentent les différents aspects de la vie, ainsi que des types de pierres pour délimiter les terres agricoles.
- Autres objets exposés:
Les autres objets intéressants exposés ont les trouve dans la Salle de la Monnaie : les pièces de différentes périodes y compris une collection en argent datant de la période Omeyyade, spécialement le temps des Califes Abdul-Malik Ben Marwan et Omar Abdul-Aziz.
L'autre Salle islamique inclut des sections de devanture de maisons, les voûtes de mosquées et niches de la prière en marbre, des portes, des tombes et des temples.
Les trésors de musées
Un des morceaux les plus importants dont le musée devrait être fier c'est la tablette en argile qui a été trouvée dans colline Harmel, un faubourg de Bagdad, remontant probablement au deuxième millénaire av. J.C. C'est une tablette en argile mathématique qui inclut trois cas de géométrie et d’algèbre relatifs àla ressemblance entre triangles rectangles, suivant la théorie d’Euclide. Il y a aussi une harpe à11 cordes ornée de coquillages et d’or. Sa tête est décorée d'un veau barbu d'or. La harpe a été trouvée àUr au sud de l’Irak. Elle remonte au temps de la Reine Shibaad, autour de l’an 2450 av. J.C. Un autre objet exposé est la statue de pierre du Roi Santaruk Ier, le roi de Hatra, trouvé dans Hatra qui était une ville commerciale au sud-ouest de Mousul dans le nord de l'Irak. Cette statue grandeur nature porte àsa tête un aigle, symbole de victoire et de gloire. Il y a aussi un visage, grandeur nature en marbre blanc, d'une femme Sumérienne considéré comme l’une des meilleures sculptures anciennes. La plupart des objets de valeur exposés ont été fermés àclé. Même les chercheurs ne sont pas autorisés àles voir. Cela sera posible avec l’amélioration de la situation de la sécurité.
La Bibliothèque du Musée
Deux autres départements: la bibliothèque et le laboratoire central, complètent le travail du musée.
La bibliothèque du musée est considérée comme l’une des bibliothèques les plus anciennes : fondée en 1933 avec 490 livres, elle comprend aujourd'hui plus de 133 000 volumes qui traitent de sciences, de catalogues, de langues et autres disciplines.
La bibliothèque a trois sections. La section arabe qui inclut des livres écrits en caractère arabe tels le Persan, le Turcs et le sanskrit. La deuxième section regroupe les ouvrages écrits en caractère latin – anglais, allemand, italien – et les travaux russes. La troisième section concerne les langues anciennes et regroupe les livres cunéiformes.
La bibliothèque regroupe également d’importants manuscrits et des pierres gravées relatives aux voyages, tels que les voyages de l'Irak, d'Anatolie et de Syrie. Le public n'aura pas accès àces livres jusqu'àce que la situation de la sécurité s’améliore considérablement. La Directrice de la bibliothèque, Zainab Sadiq a déclaré àTourisme islamique qu'elles étaient les seules collections du musée qui n'ont pas été pillées suite àla chute du régime précédent, grâce aux mesures d'urgence exceptionnelles prises par le personnel de la bibliothèque.
La bibliothèque a une grande pièce de lecture, ouverte aux étudiants de troisième cycle et aux chercheurs et maintient des relations avec les institutions culturelles étrangères de France, d’Italie et du Royaume-Uni.
Le Laboratoire Central
La fonction du laboratoire central est l'entretien et la conservation de toutes découvertes archéologiques. Il se subdivise en deux départements, l’un pour l'entretien et l’autre pour la recherche.
Le premier effectue les travaux d’entretien et de traitement des différents objets découverts àtravers les moyens mécaniques, produits chimiques et méthodes électroniques. Cette section a été restaurée avec l'aide d'experts Italiens. Il est espéré que la deuxième section sera ré-équipée par les Japonais qui ont promis des microscopes électroniques, des appareils photo avec Rayons X et du matériel de l'analyse de la radiation.
Impact de la destruction sur le musée
Une large controverse a suivi le pillage qui a dévasté le musée, suite àla chute de l’ancien régime. Le Dr. Ahmad Kamil, responsable de la section cunéiforme a confirmé que 38 documents importants ont été volés. Un tiers a été rendu. Trois magasins sur cinq ont été cassés et pillés. Mais, les collections mineures ont été sauvées. Les articles en or, dont le plus proéminent est le Nimrud, ont été gardés dans la Banque Centrale d'Irak depuis 1991, alors que les 4 000 petits cachets cylindriques ont été tous volés. Quelques-uns ont été rendus. L’inventaire est encore en cours.
Au total 14 000 articles ont été volés dont 4 000 ont été rendus. La police irakienne, Interpol et UNICEF essaient de récupérer le reste. Interpol a distribué des catalogues avec information et images de quelques-uns des objets volés dans les pays où ils seraient vraisemblablement vendus. Ainsi, quelques 1000 objets ont été rendus des Etats-Unis. De même, des habitants locaux avaient aussi rendu des articles volés. Des partis politiques, des organisations irakiennes et des imams de mosquées ont aidé dans le processus du recouvrement de ces objets.
Les Irakiens ont une grande confiance dans les organisations internationales et locales qui cherchent àrestaurer la gloire du Musée Irakien, car cela ne concerne pas seulement l'héritage de l’Irak, mais l'héritage de l'espèce humaine. |