De part son site balnéaire exceptionnel, sa réserve naturelle sur l'île Mogador, sa Médina classée Patrimoine Universel de l'Humanité par l’UNESCO, la belle cité d’Essaouira s’impose désormais comme l’un des pôles touristiques de la côte atlantique marocaine.
Casablanca- Nour-eddine Saoudi
Ville d’un charme envoûtant, Essaouira est bâtie sur une presqu'île rocheuse aux pieds du Haut Atlas. Les collines, les forêts et les dunes qui l’entourent, ainsi que le courant marin des Canaries qui la berce, lui confèrent un microclimat exceptionnel, tempéré et doux durant toute l’année.
Ajouter àcela des kilomètres de plages calmes au sable fin, son île qui abrite une réserve de faucons rares et vous avez un coin de charme idéal pour attirer les touristes de tous genres.
Cette cité portuaire singulière est riche en monuments historiques. Les plus prestigieux sont la Porte de la Marine, ou encore la Skala de la Kasbah, une plate-forme longue de 200 mètres du port, avec de nombreux canons bien conservés. Mais, aussi ses murailles extérieures, grandes et majestueuses et ses petites murailles intérieures qui donnent àla ville ses trois principales composantes historiques : la Médina, la Kasbah et le Mellah (quartier des juifs).
Attrait pour navigateurs
Située sur le littoral Atlantique Sud du Maroc, la baie d'Essaouira a attiré dès l'Antiquité de nombreux navigateurs. Au VIIème siècle av. J.C., les Phéniciens faisaient escale dans l´île de Mogador lorsqu´ils descendaient vers l´équateur. Juba II, roi de Mauritanie, y installa plus tard une fabrique de pourpre, alors très recherchée par les Romains. Le site fut ensuite tour àtour occupé par les Portugais et les sultans Saadiens. Ce sont les premiers qui lui donnèrent le nom de Mogador, probablement une déformation du nom du saint de cette localité, Sidi Magdoul.
Mais la cité ne prend un réel essor qu'au 18ème siècle, sous le règne du sultan Alaouite Sidi Mohamed Ben Abdellah qui y fonda un port et une ville fortifiée, pour supplanter Agadir qui était en dissidence.
Rapidement, Essaouira devient le port de Tombouctou où s’échangeaient les produits importés d'Europe contre des plumes d'autruche, de la poudre d'or, du sel et des esclaves noirs, d'où une présence importante de leurs descendants, les Gnaoua. Les Gnaoua sont les descendants d'anciens esclaves originaires d'Afrique Noire. Constitués en confrérie àtravers le Maroc, les Gnaoua sont des maîtres musiciens (maâlem). Leurs pratiques, àla fois musicales, initiatiques et thérapeutiques, mêlent des apports africains et arabo-berbères. Leur cérémonie la plus importante et la plus spectaculaire est la Lila (nuit de transe), dont la fonction est essentiellement thérapeutique.
Outre ses activités de commerce, cette ville a été longtemps célèbre par sa pêche : pendant de nombreuses années Essaouira a été le premier port sardinier du monde. La sardine fraîche grillée sur les petits restaurants du port est toujours fortement prisée par les voyageurs.
En outre, s’y est développé un artisanat riche et varié, témoin du brassage culturel multiséculaire des arabes, des berbères et des juifs. Ainsi, les artisans de cette cité sont maîtres en orfèvrerie, en marqueterie et ébénisterie de thuya essentiellement. Arabesques et décors géométriques ornent les tables basses fort prisées, les meubles et les beaux coffrets de tailles et de formes multiples. Outre le travail du bois, les artisans souiris, sculptent également l'argent et le bronze, et en font de belles œuvres d’ornement (colliers, bagues, décors…). Autant d’articles très recherchés par les touristes, tant locaux qu’étrangers.
La beauté de son site naturel, ainsi que sa quiétude en ont fait un havre pour d’illustres artistes de renommée mondiale. Des chanteurs et des musiciens, tels Pasolini, Jimmy Hendrix ou Cat Steven. Ce dernier s’étant converti àl’Islam, porte désormais le nom de Youssef. Mais aussi des cinéastres, tel Orson Welles qui y tourna son célèbre film "Othello".
Le tournant
L’attractivité de la ville a touché également ces dernières années, les surfeurs, qui apprécient les grosses vagues que les Alizés poussent vers les plages de Moulay Bouzerktoun et Sidi Kaouki.
Mais, ce n’est que depuis quelques années, qu’Essaouira connaît un essor touristique considérable, suite àune intelligente politique de diversification de produits touristiques où une large part est dédiée aux arts et àla culture. Politique où l’Association Essaouira –Mogador, dirigée par M. André Azoulay, Conseiller du Roi, joue un rôle de premier plan.
Ainsi, depuis sa création en 1998, le Festival d'Essaouira s'est imposé comme un événement culturel majeur, et a acquis ses lettres de noblesse auprès de musiciens internationaux et d'un public d'amateurs toujours plus nombreux. De 20 000 àses débuts, il a attiré près de 400 000 festivaliers lors de la dernière édition, celle de 2004. Un tel afflux a fait le bonheur des hôteliers et commerçants de la ville : ainsi un bazariste se réjouit d’avoir vendu autant de tapis en trois jours qu’en une année.
La musique séculaire des Gnaoua qui est le point focal de ce festival séduit un public de plus en plus large, au Maroc et dans le monde entier. Carrefour d'échange et de dialogue, le festival accueille les principaux courants musicaux et les invites àune synergie créative enrichissante pour chacun d’eux.
La 8ème édition de ce festival se déroulera du 23 au 26 juin 2005.
De même, Essaouira abrite, depuis deux ans, le Festival des Andalousies atlantiques où Malhoun, musiques arabo-andalouses, flamenco, salsa et gnaoua enchantent les spectateurs. Avec aussi un colloque sur «l’Itinéraire des Almoravides et des Almohades», organisé par la fondation L’Héritage andalou, qui a fit plonger l’auditoire aux 12ème et 13ème siècles, où l’art islamique, fortement trempé dans les sources andalouses, atteignit son apogée, comme en témoignent la Grande Mosquée de Séville, la Koutoubia àMarrakech, la Mosquée Hassan àRabat, et la Mosquée de Tinmel, au sud.
Essaouira accueille égalemment l'Université conviviale, àl'initiative de l'Association Essaouira-Mogador. Elle a tenu sa 5e session en février dernier. Et les responsables de la ville envisagent d’organiser le Festival international du vent.
Cette considérable expansion du tourisme àEssaouira ne peut s’expliquer sans la symbiose culturelle et historique et la coexistence entre communautés arabe, berbère et juive. D’ailleurs, ces dernières années de nombreux étrangers s´installent àEssaouira, restaurent des Riads de la Kasbah, ouvrent des maisons d´hôtes ou des restaurants...dans le respect du patrimoine et des traditions!
Enfin, la région d’Essaouira regorge d’arganiers, sur une superficie de 700 000-800 000 hectares. Le Maroc a le privilège d’être le seul endroit au monde où pousse cet arbre. L'huile issue de l’arganier a des vertus nutritives, cosmétiques mais aussi médicales. |