Le Matin.ma -25/06/2010
Le capital culturel chefchaouni est diversifié et se retrouve aussi bien dans la composante urbaine que rurale.
Chefchaouen et sa province représentent dans l'Histoire du Royaume du Maroc un des lieux privilégiés où se sont fixés les «Andalous», juifs et musulmans, de retour d'Espagne, projetant ainsi une culture arabo-andalouse en terre d'Afrique.
Cet apport en a fait un espace d'alchimie des cultures et des spiritualités. Bâtie par Moulay Ali Ben Rachid en1471, la ville forteresse avait pour objectif de stopper l'invasion espagnole désireuse de s'étendre après la conquête de Sebta. Au début du XXe siècle, la région servira de base aux incursions contre les différentes installations portugaises et espagnoles sur les rivages méditerranéens. Ses habitants, porteurs d'un savoir éminent et d'un art raffiné, feront de la ville de Chefchaouen et de ses environs un centre de confluences intellectuelles, marchandes et spirituelles; lui conférant une douceur de vivre tant célébrée de nos jours. La province s'étend d'un rivage méditerranéen, encore vierge d'occupation humaine par endroits, aux massifs du Rif occidental avec des paysages contrastés et une végétation parfois dense, du fait d'une bonne pluviométrie hivernale. Aujourd'hui, la province est dotée d'infrastructures de base et présente un potentiel de développement économique important et un large éventail de produits et de services, réservant un accueil chaleureux à ses visiteurs et veille également à la préservation de ses racines et son patrimoine culturel, architectural et environnemental.
Elle est découpée en quatre cercles et une seule municipalité. 33 communes rurales se partagent un territoire représentant 90% de la population provinciale (près de470000 habitants sur plus de575 000 personnes). La population est majoritairement berbère, originaire d'une dizaine de tribus. Elle est connectée au reste du pays par une bonne desserte routière. Certes, le relief montagneux est une donnée explicative d'un relatif enclavement et un espace naturel et environnemental attractif et préservé. Sa vocation est donc tout naturellement de développer ses produits du terroir.
La Province abrite des réserves naturelles dont le Parc National de Talassemtane et celui de Bouhachem. Son climat est frais et humide en hiver, doux et sec en été.
Le réseau hydro graphique est fortement alimenté sous forme d'oueds courts, descendant du Rif vers la côte méditerranéenne. Cette situation géographique privilégiée, à laquelle s'ajoute les 120 km du littoral sur la méditerranée fait du tourisme de découverte et d'aventure l'un des moteurs potentiels de croissance du développement économique de la région. Pays de moyenne montagne les altitudes restent modérés (2170m du Jbel Lechhab). Le contact mer-montagne est souvent abrupt, avec des paysages impressionnants alliant versants escarpés et plateaux, arches et ponts naturels. Près de 40% de sa surface est consacrée à l'exploitation forestière et se prête à la création des réserves naturelles pour préserver la richesse de la faune et de la flore.
Le capital culturel chefchaouni est diversifié et se retrouve aussi bien dans la composante urbaine que rurale. L'homme était présent 22000 ans avant J.-C. sur des sites tel la grotte de Kahf El Hammar (plaine de Oued Laou). Le festival Alegria devient un point de rencontre annuel. En juillet de chaque année, on organise le festival d'allégresse et de détente, des soirées font revivre les heures de gloire d'une musique patrimoniale, unique et porteuse de siècles de magnificence et de tolérance du Royaume d'Andalousie. Mais ce festival se veut un point de rencontres culturelles, centre d'innovations musicales. Ce n'est pas un festival «musée», c'est loin de là.
Des groupes marocains, artistes locaux, côtoient des musiciens d'Espagne et d'Amérique centrale ou du sud, tant les influences réciproques restent fortes.
Le tourisme culturel et la stratégie de développement durable
C'est le tourisme culturel rural qui en est l'élément primordial, il ambitionne de proposer aux touristes une gamme d'offres thématiques qui encourage la découverte de la province. La province a tous les atouts pour attirer les investissements dans un secteur qui trouve la matière à son développement. Des précurseurs ne s'y sont pas trompés en investissant. Des unités hôtelières ont par ailleurs été réalisées, tandis que des complexes touristiques ont vu le jour. Une ville qui jouit d'une bonne cohérence sociale et géographique, Chefchaouen… à taille humaine. Des potentialités immenses pour le développement de l'écotourisme.
Investir à Chefchaouen dans les nouveaux métiers de l'environnement, dans des activités touristiques et sportives, dans le développement des savoirs et des savoir-faire ruraux et urbains est une assurance de réussite professionnelle.
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