Le matin : 13.03.2009
Selon le ministère, les séjours sont de plus en plus courts, avec de moins en moins de dépenses
Indicateur révélateur du comportement de l'activité touristique, les recettes voyages ont accusé une baisse de 20% ou -867,9 MDH, en janvier dernier.
En fait, ces recettes sont passées de 4,33 milliards de DH une année plus tôt à seulement 3,46 MMDH au cours du premier mois de 2009, selon les derniers indicateurs mensuels des échanges extérieurs fournis par l'Office des changes.
La baisse persiste même si la comparaison est faite avec la moyenne des années 2004 à 2008, soit 3,86 MMDH, puisque ces recettes sont alors en régression de 10,2% ou -393,2 MDH. La balance voyages a enregistré un excédent de 2,85 MMDH contre +3,65 MMDH en janvier 2008. Cette baisse, qui aurait été accentuée par l'effet change avec la dépréciation de l'euro, ne manquera pas d'imposer de nouveaux défis aux acteurs et aux intervenants dans ce secteur aussi bien du côté des pouvoirs publics que des professionnels. Certes, un plan national anticrise a été déjà arrêté pour faire face aux retombées de la récession du marché mondial du tourisme au niveau national et des plans ont été élaborés au niveau de certaines destinations, notamment Marrakech et Agadir.
Toutefois, il faut y mettre plus de volontarisme, de partenariat entre le public et le privé, de rigueur et de moyens. Encore faut-il y aller plus vite et passer à la concrétisation, puisque les effets de la crise sur le secteur sont déjà là.
D'ailleurs, il est important à remarquer que certains défis que le secteur est appelé à relever ne sont pas liés à la crise, mais plutôt en relation avec des déficiences qui freinent le développement du secteur depuis longtemps. Le dernier classement du Forum économique mondial (FEM) qui place le Maroc à la 67ème position en termes de compétitivité touristique est révélateur. Certes, le département de tutelle a contesté les résultats de ce rapport qui fait ressortir que le Royaume a ainsi perdu 10 places par rapport au dernier classement publié en 2007, en mettant en avant les réalisations, d'ailleurs réelles et évidentes du secteur depuis le début de la décennie. Toutefois, la question de la compétitivité touristique d'un pays dépasse de loin le seul périmètre d'action de ce département car les éléments qui sont déterminants à ce sujet sont en relation avec plusieurs domaines. En effet, cette mauvaise note est attribuée au recul du Maroc dans le classement en termes d'infrastructures, en matière de transport terrestre, de santé et hygiène, de sûreté et de sécurité. Ces faiblesses structurelles du secteur en appellent donc à une action concertée entre tous les intervenants pour monter résolument en qualité, au lieu de l'approche quantité qui a prévalu jusqu'ici.
Car certes celle-ci a donné des résultats importants, mais il faut viser dorénavant un tourisme de qualité et durable. C'est d'ailleurs ce que prônent les auteurs d'un travail de prospective intitulé « Tourisme 2030 : quelles ambitions pour le Maroc ? », qui a été mené par le Haut commissariat au plan. De même, il semble que la vision 2020 qui est à l'étude optera pour cette orientation. La question du tourisme est donc d'ordre structurel et stratégique, impliquant de jeter les bases du tourisme de l'après-crise, de demain. Ceci dit, les apports de l'actuelle stratégie, lancée en 2001, sont incontestables : plus de 8% du PIB, 10 MMDH d'investissements extérieurs en 2007, contre 300 MDH en 2001 ; 7,9 millions d'arrivées à fin 2008, 57 MMDH de recettes touristiques en 2008, la capacité hôtelière est passée à 153.000 lits à fin 2008, soit une hausse de 70%.
Cette stratégie a d'ailleurs permis au Maroc d'être la première puissance touristique au Maghreb devant la Tunisie. De même, le Maroc est le moins touché par la crise au niveau de cette région.
|