Libération (Casablanca)-22 Juillet 2008
Les Marocains voyagent de plus en plus à l'étranger. Avec les dernières facilités de l'Office des changes et la souplesse du contrôle au niveau des postes frontaliers, nombreux sont ceux qui préfèrent passer leur congé annuel en Espagne, en France, en Grèce, en Turquie, en Egypte et dernièrement en Malaisie et surtout en Chine.
Les raisons sont simples: Il est moins coûteux et plus intéressant passer une semaine de vacances à l'étranger que dans un hôtel marocain. Les nationaux paient le prix fort pour passer un week-end dans les principales destinations touristiques marocaines.
Une chambre dans un hôtel 3 étoiles avec petit déjeuner seulement coûte 480 DH la nuit au minimum. Pour une durée de 10 jours, le client marocain doit débourser 4800 en plus des frais de transport, de nourriture et le reste. En famille, les prix peuvent être triplés ou quadruplés. Autre problème, les Marocains sont maltraités et il n'existe pas une offre suffisante en produits répondant aux exigences de la famille et du touriste national.
A l'étranger, par contre, un montant de 15.000 Dh permettra facilement de séjourner dans un bel appartement en Espagne (transport aérien ou maritime compris).
Il faut souligner, donc, que les Marocains ont des préférences en termes de destinations à l'étranger, les pays européens (France et Espagne en tête) demeurent des choix invariables, avec une nette et récente avancée de la destination Turquie et l'Egypte. L'Asie, les îles Maldives ou les Etats-Unis figurent parmi les destinations ciblées par une clientèle aisée. Très peu se rendent, cependant, en Algérie pour des vacances. Dans la majorité des cas, il s'agit de visites familiales ou de voyages d'affaires.
Les touristes marocains vont partout sauf dans les pays maghrébins, regrettent des agents de voyages du Maghreb qui évoquent notamment le handicap causé par la fermeture des frontières terrestres depuis 1994 entre le Royaume et l'Algérie.
Les fédérations des agences de voyages de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc tentent de redynamiser la Confédération maghrébine des opérateurs de tourisme, née au début des années 90 pour favoriser le tourisme intermaghrébin.
Cependant, la proximité géographique, le visa et les packages commercialisés par les agences de voyages déterminent largement le choix et les destinations des touristes nationaux. «En effet, le choix de la destination est basé surtout sur le principe de la proximité», affirme un responsable d'une grande agence de voyages de Casablanca. Et d'ajouter: «Le pays le plus proche du Royaume est l'Espagne. Parmi les villes les plus visitées, on peut citer Torremolinos ».
Cependant, la contrainte du visa incite les Marocains à changer de destination et opter pour des pays, toujours proches du Royaume, mais n'exigeant pas de visa de séjour. «Il est de plus en plus difficile d'obtenir un visa pour l'Espagne vu le contexte actuel, caractérisé par les restrictions devant la mobilité des personnes entre le Nord et le Sud de la Méditerranée.
Cette situation a impacté l'attitude du tourisme extérieur. Ces dernières années, le nombre de Marocains qui se rendent à ce pays européen a sensiblement baissé. Aujourd'hui, les regards se tournent vers la Turquie, devenue l'une des destinations préférées. D'autres joignent le tourisme au commerce en optant pour l'Asie, en particulier la Chine et parfois l'Indonésie, l'Inde ou la Thaïlande.
En 2007, d'après les statistiques disponibles, environ 43.000 touristes nationaux ont passé un séjour en Turquie et plus de 3000 en Chine. Pour ceux qui souhaitent visiter ce beau pays, un séjour d'une semaine à Istanbul est proposé à 8000 Dh. En outre, l'ouverture des lignes aériennes directes entre le Maroc et la Turquie ne pourra que favoriser davantage le développement du flux touristique vers la Turquie.
Certains pays arabes, ayant des affinités culturelles et linguistiques avec le Royaume, sont également prisés par les Marocains. Il s'agit, entre autres, de la Tunisie et de l'Egypte et du Liban. Les opérateurs nationaux ambitionnent effectivement de promouvoir davantage le tourisme interarabe, secteur très prometteur.
Force cependant est de garder à l'esprit que si le congé est payé, les vacances ne sont pas gratuites! Avant d'avoir droit au farniente, il faut d'abord déterminer un budget, épargner toute l'année ou bien céder à la tentation de prendre un crédit vacances..., de grands calculs sont à effectuer et toute une logistique doit être mise en place avant de lever le pied.
Mais combien de Marocains vont en vacances? Personne ne le sait, ni l'Observatoire du tourisme, ni l'Office du tourisme et encore moins le ministère. D'ailleurs, la faiblesse de l'offre en interne le confirme. Pour les agences de voyages, le marché suit la demande.
Pour leurs congés, les Marocains préfèrent découvrir d'autres pays et d'autres horizons, d'autant plus que les prix au Maroc sont assez élevés et inaccessibles pour la majorité d'entre eux.
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