L'Économiste -08/05/2008
Alors que le volume des arrivées de touristes au pays a connu une hausse de 14%, celui des nuitées, lui, a accusé une régression de 4%. C'est le constat qui se dégage des chiffres relatifs au premier trimestre 2008 que vient de publier l'Observatoire du tourisme. Pour le principal marché du Maroc, la France, le nombre des touristes est passé de 440.000 à 490.000, soit une hausse de 11%. Seulement, cette augmentation s'est traduite par un nombre de nuitées en régression aussi de 11%.
«Ces touristes ne se sont quand même pas volatilisés dans la nature», fait remarquer Jamal Filali, président de l'association Convergence tourisme et université, lui-même opérateur du tourisme à Marrakech. «Ils sont allés se loger dans les maisons d'hôtes qui œuvrent dans la clandestinité».
Selon, Jamal Filali, «la prolifération des maisons d'hôtes à Marrakech, principalement celles opérant dans l'informel, explique ces résultats». En effet, la ville ocre compte, déclare Filali, pas moins de 2.000 maisons d'hôtes dont seulement 400 sont classées auprès du ministère du Tourisme. «Chaque mois, 10 à 15 maisons sont transformées en riads. 75% de ces maisons appartiennent à des Européens qui sont installés Outre-mer», affirme-t-il. Interrogée sur ce phénomène, une source de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) avance deux explications: «Depuis quelque temps, il y a une autre forme de demande touristique qui émerge. Celle ayant la préférence d'acquérir le résidentiel. La vague des riads explique aussi le recul des nuitées dans les hôtels. Car les touristes étrangers préfèrent tout ce qui est traditionnel». Les clients des maisons d'hôtes font leur réservation et procèdent au règlement par Internet, échappant ainsi à tout contrôle de la part des autorités en charge du secteur.
Mais au-delà, la baisse des nuitées a été beaucoup plus accentuée par les résultats du mois de mars. Durant ce mois, le volume des nuitées accuse un recul de 6%. Une forte baisse est constatée pour les grandes «marques» touristiques marocaines, en l'occurrence Marrakech (-8%) et Agadir (-16%). Autre fait méritant d'être relevé, la forte hausse des nuitées dans certaines destinations touristiques bien que ce ne soit pas la saison. Il s'agit respectivement de Casablanca, Fès et Tanger, qui enregistrent respectivement des taux de croissance de 5, 14 et 16%.
Au total, le nombre de touristes arrivés au pays, au terme du premier trimestre 2008, atteint 1,4 million, dont 481.000 MRE, contre 1,2 million pour la même période de 2007, soit une augmentation de 14%.
L'analyse par marché émetteur fait ressortir une baisse globale des nuitées dont le volume est passé à 3,7 millions contre 3,9 millions en 2007. Ces résultats s'expliquent, entre autres, par la baisse des nuitées relatives au principal marché émetteur de touristes, la France, qui ont reculé de 1,5 million à 1,3 million de nuitées.
Autre facteur expliquant le recul du volume de nuitées, le déficit enregistré par le marché britannique dont la baisse est de 22%, avec un total de 300.000 nuitées contre 380.000 l'année passée. Le marché allemand, lui aussi, accuse une nette baisse de 20% puisqu'il n'a engendré que 239.000 nuitées contre 300.000 à la même période de l'année passée. Par contre, le nombre de nuitées enregistrées par les touristes espagnols fait un bond de 28%, passant de 163.000 à 208.000 pour le premier trimestre 2008. Pour ce qui est des résidents, ils ont réalisé une croissance notable, 15%, en comparaison avec le 1er trimestre de l'année précédente.
Concernant l'évolution des nuitées par ville, il convient de souligner que les principales destinations touristiques ont connu une augmentation de leurs nuitées par rapport au 1er trimestre de 2007. Ainsi, Casablanca, Tanger, Rabat et Fès ont connu respectivement une hausse de 7, 10, 12 et 10%. En ce qui concerne le taux d'occupation, il s'est établi à 42% pour le trimestre janvier-mars 2008, contre 48% au premier trimestre de 2007. Au chapitre des recettes en devises générées par le tourisme, au premier trimestre 2008, elles s'élèvent à 11,7 milliards de DH contre 12,2 milliards à la même période de l'année écoulée, soit une régression de 3,5%, ce qui représente un déficit de 421 millions de DH.
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