Le Matin.ma/ 08-11-2007
Le Salon aéronautique de Dubaï s'est ouvert dimanche 4 novembre avec une nouvelle bataille commerciale entre Airbus et Boeing en perspective, centrée sur la région du Golfe, où le trafic aérien est en pleine expansion et où le constructeur européen est bien placé face à son rival américain.
Pendant cinq jours, la dixième édition du "Dubai Air Show" a rassemblé près de 900 exposants en provenance de 50 pays, selon les organisateurs.
Parmi les grosses commandes susceptibles d'être passées cette année, celle de la compagnie Emirates, propriété de l'émirat de Dubaï, qui pourrait acheter une centaine d'appareils long courrier nouvelle génération, des Dreamliner 787 de Boeing ou des Airbus A350 XWB.
Récemment, son directeur général, Timothy Clark, avait estimé que le biréacteur d'Airbus était "aussi bon" que le 787, son grand rival.
Si Emirates se prononçait en faveur de l'avion de l'européen, la compagnie de Dubaï deviendrait alors le premier acheteur de ce modèle, devant Qatar Airways, qui a déjà commandé 80 biréacteurs de ce type, le tout premier devant lui être livré en 2013.
Emirates est déjà le plus grand client d'Airbus pour son très gros porteur A380, dont il a commandé 55 appareils.
Le plus grand avion de ligne de l'histoire, dont la capacité va de 525 à 853 sièges, s'inscrit parfaitement dans la stratégie de la compagnie, qui vise à faire de Dubaï un gigantesque "hub" central d'où les passagers pourraient rejoindre chaque point du monde.
Cette stratégie est aussi celle des deux grandes rivales d'Emirates, Qatar Airways et la petite dernière, Ethihad Airways, la compagnie d'Abou Dhabi, le plus riche des sept émirats qui composent les Emirats arabes unis.
Emirates et Qatar Airways s'imposent donc comme les plus importants acheteurs des deux programmes cruciaux pour l'avenir de l'avionneur européen, actuellement devancé par Boeing en termes de commandes dans le monde.
Depuis le début de l'année 2007 et jusqu'à fin septembre, l'américain en affiche 893, contre 854 pour le groupe de Toulouse (sud-ouest de la France), selon les derniers chiffres disponibles.
Airbus bénéficie d'une solide implantation au Moyen Orient, Israël excepté, où son premier client, la compagnie privée Israir, date d'avril 2007.
Comme le relèvent les analystes de Morgan Stanley dans une note récente, Boeing est souvent perçu comme une prolongation de la politique étrangère américaine, considérée dans la région comme pro-israélienne, ce qui peut poser problème auprès de certains clients.
Inversement, Airbus, souvent perçu à l'étranger comme une compagnie française, peut profiter de la politique plus équilibrée de Paris, estime l'Allemand Gerald Braunberger dans son livre "Airbus contre Boeing".
Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), la plus forte croissance de trafic international d'ici à 2011 devrait en tout cas être enregistrée au Moyen Orient, avec une hausse annuelle moyenne de 6,8% (contre 5,1% pour l'ensemble du monde).
Parties de rien il y a dix ans, les compagnies du Golfe connaissent, en effet, une croissance exponentielle, les gouvernements de la région cherchant à diversifier leurs revenus pour faire face à l'après-pétrole en développant le tourisme et, par voie de conséquence, le transport aérien.
Parmi les autres commandes susceptibles d'être passées à Dubaï, Penelope Butcher, analyste de Morgan Stanley, cite celles des compagnies indiennes et chinoises, deux marchés également très porteurs, et des compagnies d'Amérique latine, "en manque d'avions".
En revanche, elle ne s'attend pas à des annonces majeures de la part des compagnies américaines, qui devraient se réserver pour le Salon de Farnborough, en Grande-Bretagne, l'an prochain.
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