Paris (LE MONDE) | 12.11.05 -
Au centre de Nice, les musulmans qui pratiquent leur culte dans une petite salle de prières située rue de Suisse sont parfois contraints, faute de places, de prier sur le trottoir. L'association Moubarak (2 600 adhérents), qui gère cette salle, et l'Association des musulmans de France cherchent àacheter un immeuble, afin d'y implanter une mosquée. L'association Moubarak avait engagé des pourparlers au sujet d'un immeuble de 800 m2, mais les propriétaires ont mis brutalement fin au mandat de vente, confié àla société immobilière Rispoli.
Le président de l'association Moubarak, Abdelhamid Razzouk, membre du conseil régional du culte musulman (CRCM) Provence-Alpes-Côte d'Azur, assure que la mairie "a fait capoter le projet en faisant pression auprès du propriétaire pour que la vente ne se fasse pas". "Le maire, Jacques Peyrat, veut nous priver d'une mosquée, c'est une attitude raciste et discriminatoire", dit-il.
Le projet de mosquée a provoqué une réaction d'hostilité de la part de nombreux commerçants et riverains. Début octobre, le comité de quartier Nice-Coeur de ville a fait circuler une pétition pour faire obstacle àla vente qui a recueilli 3 000 signatures. Depuis que la vente de l'immeuble est compromise, le président du comité, Jean Laurent, fait part de son "soulagement". "La religion musulmane n'est pas en cause, assure-t-il. Mais c'est un quartier déjàtouché par les travaux du tramway et dont la circulation est engorgée. Les riverains craignent pour le stationnement."
Auguste Verola, adjoint au maire chargé des cultes et élu du quartier, n'a pas le même point de vue : "Le problème de la circulation est un prétexte. Les riverains ne veulent pas d'une mosquée. Les musulmans sont en droit de disposer d'une mosquée dans les Alpes-Maritimes, mais il n'en faut pas dans le centre-ville, dans des quartiers où résident déjàdes populations immigrées, afin d'éviter un certain communautarisme."
"J'userai de mon droit de préemption, avertit le sénateur et maire (UMP) de Nice, Jacques Peyrat. Ce n'est pas le moment, face aux violences urbaines et àla montée de l'islam radical, d'installer en plein coeur de Nice une terre d'islam. Je m'opposerai àtoute implantation de mosquée àNice." Le maire, cependant, se déclare prêt àfavoriser l'implantation d'un lieu de prière dans la plaine du Var, àune dizaine de kilomètres du centre.
"Il ne faut surtout pas refuser un permis de construire parce qu'il s'agit d'une mosquée, estime le préfet des Alpes-Maritimes, Pierre Breuil. Il y a nécessité dans les Alpes-Maritimes comme ailleurs, pour les musulmans pratiquants, de disposer de lieux de culte en milieu urbain et pas forcément dans des banlieues lointaines."
Les 120 000 membres de la communauté musulmane du département, qui disposent de 28 lieux de culte, souvent modestes, aspirent àpratiquer leur religion dans des mosquées. Quatre permis de construire ont été déposés ces derniers mois : un àCannes, trois àNice. |