Le tourisme dans un monde dominé par les valeurs commerciales
La catastrophe du tsunami de décembre dernier a suscité un large débat sur l’explication religieuse qui en a été faite. La presse a relayé les propos prononcés dans les mosquées et églises des pays sinistrés, dont notamment celui qui y a vu un indice de la colère de Dieu àl’encontre du développement du tourisme immoral dans la région. Cela attira l’attention de la presse laïque qui n’attend que de telles occasions pour dévaloriser la religion. Mais, entre l’enthousiasme religieux et l’ironie laïque, on n’a pas saisi la signification de ce qui a été dit.
En réalité, le tourisme a procuré àces pays un revenu considérable, àtel point que certains ne voient pas l’avenir de ces pays en dehors du tourisme. En outre, le tourisme s’est développé sans prendre en compte les aspects moraux, environnementaux et locaux ; parfois même àleur encontre. Lorsque la situation est bonne, sur le plan économique – création de richesses et d’emplois – personne ne pense àfaire le bilan. Mais, si l’évolution n’est pas satisfaisante, on ressent le besoin de procéder àune révision critique. La condamnation ne touche pas la préservation de la religion des autochtones, mais concerne plutôt le sacrifice qu’on a fait de l’être humain, de la terre et des modes de vie pour avoir des devises.
Certains peuvent considérer qu’il s’agit làd’une réflexion clairement réactionnaire. Mais, les irréductibles laïques doivent approfondir leur connaissance des faits réels. Les valeurs morales sont remplacées par le mercantilisme ; ce qui fait particulièrement mal lorsqu’il s’agit de pays musulmans, où l’Islam a une vision globale des exigences de la vie saine, tant environnementale que morale. L’extension commerciale touche désormais des régions qui ont une sacralité religieuse, des sociétés préservant leur patrimoine, sauvegardant ainsi la diversité de l’humanité et de ses modes de vie.
Dans un mode dominé par le mercantilisme, il y a une négligence des critères moraux et des lacunes de mémoire. Le tsunami a engendré une extraordinaire solidarité àtravers le monde, ce qui réchauffe le cœur. Mais, il a dévoilé aussi que notre mémoire est aliénée par le commerce. La mémoire est orientée par les médias. Ceux-ci peuvent mettre en lumière une affaire et occulter une autre. Le soutien de certains, Etats et personnes, peut être lié àce phénomène. Toutefois, nous considérons que le pouvoir de l’information est notre responsabilité. En conséquence, nous devons adopter un point de vue moral et mettre en lumière les causes justes occultées par les autres médias.
Nous demandons ànos chers lecteurs de bien garder en mémoire le tsunami et ses victimes et de poursuivre leur soutien àcette région pour que la vie puisse y reprendre son cours.
Enfin, ce mois et le mois qui le suit seront marqués par trois expositions du Hadj et Omrah, àDubaï, Riad et Le Caire. Il s’agit làd’un phénomène nouveau positif que nous soutenons de toutes nos forces, mais dans la mesure où un tel « tourisme » sacré, ne soit pas victime de l’esprit commercial qui domine le monde.
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