Si la France demeure la première destination mondiale - 75 millions de visiteurs y ont séjourné en 2003 -, elle ne réalise qu’un bénéfice économique limité, se classant au quinzième rang pour la dépense moyenne par touriste. « En deux ans, la France a perdu 5 milliards d’euros de recettes et environ 50 000 emplois directs et indirects - dans le secteur touristique -« , estime Jean-Marc Espalioux, président du directoire d’Accor, premier groupe hôtelier européen.
En effet, la fréquentation touristique est restée mitigée cet été en France, après une année 2003 catastrophique, notamment marquée par les inquiétudes géopolitiques liées àla guerre du Golfe. Si l’Hexagone a amorcé un retour en grâce dans le cœur des Japonais et des Américains, les Européens, notamment les Allemands, l’ont boudé.
Au début de l’année, une enquête Ipsos, réalisée pour Maison de la France, montrait que moins d’un touriste étranger sur cinq était satisfait de l’accueil et du rapport qualité-prix des prestations en France. Selon Thierry Baudier, directeur de cet organisme chargé d’assurer la promotion de la France àl’étranger, « cette étude va servir de base àun baromètre annuel portant sur l’image de la France àl’étranger et son positionnement par rapport àla concurrence ».
Il y a urgence. La baisse de la durée des séjours devient inquiétante. « En Ile-de-France, elle pourrait passer pour la première fois sous la barre des deux jours », note Henriette Zoughebi, présidente du Comité régional du tourisme. Au Club Méditerranée aussi, on constate un tassement du nombre de nuitées, et ce malgré le succès de la formule àla semaine.
Ces facteurs, combinés àl’émergence de destinations proches et bon marché (République tchèque, Croatie, Afrique du Nord...), suscitent des interrogations sur le « modèle français ». « Le problème, c’est que nous avons été une puissance touristique spontanée, notamment en raison de notre position géographique. On a profité d’une vache àlait pendant cinquante ans sans se demander pourquoi elle était venue dans notre jardin », ironise Jean Viard, directeur de recherche au CNRS et auteur d’ouvrages sur le tourisme.
Pour l’heure, l’Etat a décidé d’augmenter le budget de Maison de la France de 3,5 % en 2005, à66 millions d’euros. Une hausse que salue Accor. Mais M. Espalioux constate que « la France dépense près de deux fois moins d’argent que l’Espagne en campagne de publicité », soit 15 millions d’euros contre 26 millions en 2003. |