Nour-eddine saoudi
AFP- [ jeudi 11 août 2005 ] KUALA LUMPUR (AFP) - La Malaisie a déclaré jeudi l'état d'urgence sur une partie de son territoire, dont sa capitale qui suffoque sous les fumées causées par d'immenses feux de forêt hors de contrôle en Indonésie.
"Je déclare maintenant un état d'urgence dans toute la région de Kuala Selangor et de Port Klang avec effet immédiat", a dit dans un communiqué le Premier ministre malaisien Abdullah Ahmad Badawi, après plusieurs jours de dégradation de la qualité de l'air.
La mesure prévoit la fermeture des écoles, de conseiller aux habitants de rester chez eux ou de porter un masque et le déclenchement de pluies artificielles pour tenter de disperser les fumées.
M. Badawi a souhaité que les mosquées du pays (majoritairement musulman) procèdent àdes prières en faveur de la pluie. Il a aussi appelé au téléphone le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono pour lui proposer l'assistance des pompiers malaisiens.
Ces incendies ont été allumés, comme chaque saison sèche, par des agriculteurs et des exploitants forestiers en Indonésie qui défrichent et préparent ainsi des terrains pour les cultures.
Cette pratique des brûlis, interdite par la loi, a cette année provoqué un nouveau désastre écologique car les foyers se sont trop étendus.
La situation allant en empirant, les gouvernements des deux pays ont eu jeudi une réunion de crise, sans espoir de pouvoir éteindre rapidement les sinistres.
"La situation ne s'améliore pas, elle s'aggrave", a souligné le ministre malaisien de l'Environnement, Adenan Satem, avant de rencontrer le ministre indonésien des Forêts Malam Sambat Kaban.
Dans certaines zones côtières de la Malaisie la visibilité s'arrête à200 mètres. Les voitures sont obligées de rouler phares allumés et de klaxonner aux carrefours. Les hôpitaux font face àune hausse des maladies respiratoires.
Les deux principales régions d'Indonésie -- un immense archipel possédant les forêts les plus vastes au monde après celles du Brésil -- concernées sont l'île de Sumatra et la région du Kalimantan, la partie indonésienne de Bornéo.
Des images satellite montraient mercredi 993 foyers d'incendie àSumatra, dans seulement deux provinces, a précisé Israr Albar, un responsable chargé du secteur forestier.
La veille, selon d'autres clichés satellite, plus de 220 importants foyers d'incendie étaient actifs dans le Kalimantan Ouest.
"Nous rencontrons des difficultés àapprocher des feux car ils sont trop loin des ressources en eau", a expliqué Kusnadi, des service provinciaux de lutte contre l'incendie.
Kuala Lumpur était enveloppée jeudi d'une brume jaunâtre dans laquelle disparaissait le sommet des immeubles, et la population épuisait les stocks de masques en papier.
Cela a provoqué la grogne d'une partie des habitants. Le Parti démocratique d'action malaisien (membre de l'opposition) a affirmé que les Malaisiens étaient "furieux et préoccupés" et a annoncé une manifestation devant l'ambassade d'Indonésie vendredi.
Le second aéroport de Kuala Lumpur, Subang, a cessé de fonctionner. Des plans d'urgence ont été mis en place au cas où l'aéroport principal devrait àson tour interrompre le trafic.
Les importantes fumées dégagées perturbent aussi la navigation dans le détroit de Malacca, qui sépare Sumatra de la péninsule malaisienne et par où transite un tiers du commerce mondial.
Selon Noel Choong, du Bureau maritime international, une organisation qui étudie la piraterie, les fumées favorisent l'activité des pirates dans le détroit, où les abordages criminels sont fréquents.
En 1997 et 1998, des incendies similaires avaient échappé àtout contrôle et avaient obscurci le ciel d'une partie de l'Asie du Sud-Est pendant des mois, provoquant de nombreuses perturbations, notamment de la santé publique et du trafic aérien, et causant des pertes économiques estimées à9,3 milliards de dollars. |