Nour-eddine Saoudi
La Tribune (Alger) 16 Juillet 2005 - De «simples» citoyens mettent en vente sur Internet des éléments du patrimoine national. Des «touristes» se font arrêter dans les parcs nationaux en possession d'objets de valeur et relevant du patrimoine universel. Il reste, au niveau gouvernemental, les appels du ministère de la Culture qui ne trouvent pas toujours d'écho auprès des autres institutions de l'Etat.
Cette différence dans la connaissance de l'importance du patrimoine est inquiétante àplus d'un titre. Souvent, le patrimoine algérien est plus visible et mieux mis en valeur lorsqu'il se trouve exposé àl'étranger. Les musées ne sont pas dotés des moyens nécessaires pour permettre aux Algériens de prendre connaissance de la richesse culturelle et patrimoniale de leur pays dont l'histoire remonte àdes milliers d'années.
Les écoles préfèrent souvent les excursions en bord de mer plutôt que la visite de sites romains ou alors une simple visite du Touat ou de Gourara. Les Algériens adorent aller bronzer «idiot» en Tunisie ou ailleurs mais refusent de se balader dans les ruines romaines de Cherchell ou d'un autre coin d'Algérie.
Ils ne sont pas nombreux àconnaître l'importance des trésors que recèle notre pays. Il s'agit soit de spécialistes, soit d'amateurs avertis. Les premiers font tout ce qui est possible pour protéger et mettre en valeur ce patrimoine mondial. Désespérés, ils disent tout haut qu'ils ne font que la politique de leurs moyens àdéfaut d'avoir les moyens de leur politique. Certains parmi les seconds traficotent et vendent au plus offrant des pièces qui les enrichissent tout en appauvrissant l'Algérie.
Face àcette saignée, le ministère de la Culture a lancé jeudi un appel aux services de la gendarmerie nationale, de la Sûreté nationale et de la douane pour coordonner leurs efforts et constituer un front commun en vue de lutter contre le vol et le trafic illicite des biens culturels. Cet appel, s'il est le bienvenu, doit être accompagné d'autres en destination du ministère de l'Education pour que les élèves prennent conscience de l'importance du patrimoine national et qu'ils se forgent une autre idée sur leur identité. Un autre appel doit être lancé aux autorités locales et aux associations culturelles pour qu'elles mènent des actions d'inventaire. Un pays aussi grand que l'Algérie ne pouvant se contenter de l'action des fonctionnaires du ministère de la Culture pour accomplir une tâche aussi énorme et que nos institutions n'ont pas pu accomplir totalement en 43 ans. Le combat pour la préservation du patrimoine ne peut se limiter uniquement àla répression car les trafiquants de pièces rares existeront toujours. Il doit passer par une volonté, clairement affichée, des pouvoirs publics de faire du patrimoine une préoccupation nationale. Et celle-ci passe nécessairement par un engagement des institutions éducatives et de la société dite civile |