Les Emirats Arabes Unis ne sont pas exactement la destination rêvée pour les touristes en quête d’authenticité et de respect de l’environnement. Les autorités ont néanmoins officialisé la construction d’un hôtel green, le « Al Ain Wildlife and Park Resort », dans l’Emirat d’Abu Dhabi. Un projet ambitieux mais pas forcément vertueux.
Les Emirats étant largement dédiés au tourisme de luxe, Abu Dhabi rime souvent avec opulence et outrance. Le faste n’a cependant pas l’exclusivité dans ce pays d’or noir, comme le montre l’aval gouvernemental donné à l’«Al Ain Wildlife and Park Resort » (AWPR), qui sera le tout premier bâtiment du pays respectant les critères d’un nouveau standard green mis en place par les autorités.
On part de très loin, car si les architectes émiratis rivalisent d’inventivité, ils n’ont pas encore prouvé leur amour pour la planète. Pour preuve, le « joyau de l’Emirat », l’Atlantis The Palm Jumeirah, complexe cinq étoiles étendu sur 46 hectares et situé sur une île artificielle. Quid du futur hôtel green précité ? Faut-il y voir une initiative orpheline d’abord guidée par des considérations financières ou plus noblement les prémisses d’une conscience écolo ? Ce projet a quoi qu’il en soit le mérite de l’ambition.
Développement durable et Safari
« Nous voulons que cet hôtel soit une vitrine de l’hospitalité durable. Ici, vous êtes hébergé en totale harmonie avec la nature et la faune », commente le Cheikh Sultan bin Tahnoun Al Nahyan, président de l’Autorité pour le tourisme. Les plus sceptiques diront que c’est du « sirop » mais le fait est que ce projet fait effectivement la part belle au développement durable. Les constructeurs promettent ainsi une station certifiée « 4 perles », système de classement de durabilité des bâtiments. Pour minimiser l’empreinte carbone, le AWPR devrait notamment être construit à base de matériaux renouvelables, réutilisés ou recyclés. Un système de régulation de consommation d’énergie et d’eau sera aussi mis en place et la réduction des déchets solides est également au programme.
Il y a cependant la façade et l’envers du décor. Car les Emiratis ne se risquent pas dans un projet environnemental qui irait même un tout petit peu au détriment de l’esthétique. C’est leur marque de fabrique : on vient ici pour se rouler dans un drap de soie, pas encore pour se servir de toilettes à compost.
50.000 mètres carrés, 200 chambres, un intérieur à la pointe du design, salle de bal, mini-club, piscines et spas, restaurants hauts de gamme : l’AWPR ne fait en tout cas pas plus dans la dentelle que ses aînés. Hormis le repos, on pourra aussi s’instruire, grâce au Centre d’Apprentissage Sheikh Zayed Desert. « Nous voulons faire comprendre à quel point il est nécessaire de préserver la vie du désert, car il est riche d’une biodiversité incroyable », explique le Cheikh.
Critiqués à juste titre pour leur impressionnante empreinte environnementale, les Emirats sont paradoxalement engagés depuis plus de trente ans dans le combat pour la protection de l’environnement et sont partenaires de toutes les conventions internationales en la matière, en plus d’être l’une des sinon la puissance pétrolière la plus ouverte aux énergies renouvelables. Le pays deviendra-t-il pour autant une référence des éco-touristes ? Il faudra assurément plus qu’un hôtel green pour qu’il en soit un jour ainsi.
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