Nourredine Essaoudi
Depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001, le gouvernement français a tout fait pour la création d’une telle structure, afin que l’argent offert aux fédérations musulmanes de France pour servir àfinancer les affaires du culte ne soit pas détourné àdes fins «douteuses», au financement du terrorisme par exemple. L’objectif majeur de cet accord, intervenu la semaine dernière, vise donc àcontrôler la circulation de cet argent et àidentifier dans une transparence totale son origine et son utilisation. L’acte fondateur de cet instrument a été signé par les fédérations musulmanes de France en présence du ministre de l’intérieur, Dominique De Villepin : la FNMF, La Grande Mosquée de Paris, l’UOIF et le CCMTF «c’est une étape très importante, puisque l’Islam de France, le CFCM, pourra enfin avancer les moyens financiers qui lui permettent d’engager ses projets, qu’il s’agisse de la formation des imams, de la construction ou de la rénovation de lieux de culte», a déclaré le ministre àl’adresse de toutes les parties concernées, qui ont approuvé àl’unanimité le statut de la fondation. L’accord entre les diverses mouvances des musulmans de France a été obtenu au terme de plusieurs mois de tergiversations et de négociations entre les différentes fédérations, chacune voulant en avoir la responsabilité de direction et de gestion. Pour éviter de faire capoter cet accord, àcause des rivalités des personnes qui empoisonnent la vie du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) depuis sa naissance, le ministre de l’intérieur a remis àplus tard la nomination du président et des vice-présidents de ladite fondation. Ces postes ne seront attribués qu’après les élections du CFCM, le 19 juin prochain. L’occasion de répartir les pouvoirs entre les différentes tendances, une fois les résultats du scrutin connus. La fondation dispose déjàd’un capital de départ évalué à800 mille euros, déposés àla Caisse des dépôts. On en ignore les donateurs. Le ministre de l’intérieur invoque les règles bancaires pour en taire l’identité, mais assure qu’il s’agit d’argent «en partie français». La fondation doit permettre, enfin, au Conseil Français du Culte Musulman et aux conseils régionaux de fonctionner. Jusqu’àprésent, le CFCM n’avait ni siège local ni administration. Les CRCM vivent également sans locaux. A l’avenir, tous pourront demander un budget de fonctionnement, àcondition d’en détailler l’utilisation. L’Islam en France a progressé rapidement ces dernières années. Les mosquées et les lieux de culte sont passés d’une centaine dans les années 1970 à1685 aujourd’hui, selon un récent rapport du ministère de l’intérieur. Vingt mosquées peuvent accueillir plus de 1000 fidèles. Pour le reste, la majorité des lieux sont de simples locaux aménagés dans des bâtiments exigus ou dans des pavillons de particuliers contigus et, la plupart des fois, vétustes. |