L'Économiste//14/06/2010
Entre novembre 2009 et mai 2010 (1er semestre), Royal Air Maroc a enregistré une augmentation de 10% de son trafic. Ce qui constitue un signe de reprise de l’activité après un exercice 2009 plombé par la crise. C’est toute l’industrie du transport aérien qui reprend des couleurs. «Nous sommes en ligne avec un phénomène qui est international. De la même façon que la crise mondiale a impacté notre activité, la reprise constatée au niveau mondial a également concerné la compagnie», explique Driss Benhima, PDG de RAM. Ainsi, de novembre 2009 à mai 2010, RAM a transporté plus de 3,28 millions de passagers. Elle a réalisé une huasse de son trafic de 5% sur la France, 9% sur le Maghreb, 6% sur l’Amérique du Nord, 5% sur le réseau domestique et 13% en Afrique. «Nous avons augmenté le trafic en continuation de 2,2 points et sommes revenus à la performance d’avant la crise qui est de 35%», ajoute le président.
Bien évidemment l’éruption du volcan islandais a impacté les finances de la compagnie qui a perdu durant cette période près de 65.000 passagers, soit plus de 110 millions de DH. Mais paradoxalement, cette perturbation du trafic a contribué à la reprise des tarifs. Plusieurs compagnies qui avaient baissé leurs tarifs ont été contraintes de les augmenter suite à cette éruption volcanique. La baisse pratiquée l’année dernière se justifiait en partie par les prix du pétrole qui étaient plus bas que cette année. «Aujourd’hui les compagnies s’aperçoivent qu’elles ont détruit de la valeur», souligne Benhima.
La reprise s’est traduite par l’amélioration de la trésorerie de la compagnie. Rappelons que RAM a accusé l’année dernière un déficit de près de 800 millions de DH. «Les tensions au niveau de la trésorerie se sont éloignées grâce au plan d’austérité et aux efforts commerciaux. Sans aucune aide extérieure, RAM a traversé une tempête très violente mais elle est en train d’en sortir grâce aux efforts internes», insiste Driss Benhima.
La compagnie avait adopté un plan d’austérité, et avait comme le dit son président, prévu une navigation en apnée jusqu’en avril. Des prévisions qui se sont avérées exactes car à partir d’avril la situation s’est un peu améliorée.
Selon le management, la saison estivale devrait être favorable pour RAM et les prévisions pour 2010 seront conformes au budget.
Cependant, cette situation demeure fragile. Elle est menacée par la chute de l’euro sachant que les ventes de la compagnie s’effectuent en cette monnaie alors que ses dépenses sont en dollar. A cela s’ajoutent les prix de pétrole qui ont doublé par rapport à l’année dernière. Mais RAM est, depuis quelques mois, attaquée dans son marché traditionnel qui est l’Afrique aussi bien par les compagnies européennes que celles du Golfe. A titre d’exemple, Lufthansa a augmenté ses vols sur l’Afrique de 84% en une année. «Mais nous sommes en train de défendre nos positions sur ce marché par une agressivité commerciale et l’ouverture de nouvelles destinations», précise Benhima.
RAM s’est engagée depuis quelque temps dans des négociations pour la gestion pour compte de la compagnie nationale en Guinée équatoriale. Mais, la perspective semble s’éloigner. «Nous avons clairement indiqué dans quelles conditions nous comptons soutenir et non pas gérer la compagnie. La balle est actuellement dans le camp des Equato-guinéens», préciseLe PDG de Royal Air Maroc.
Par ailleurs, pour sortir la compagnie de la crise et assurer son développement futur, des négociations sur un contrat-programme ont été lancées. Mais ces dernières ont pris du retard. «C’e n’est pas grave» tempère Benhima. «Les décisions immédiates concernant la compagnie sont moins urgentes car la trésorerie remonte. Cela nous donne plus de temps pour bien envisager l’avenir», conclut le PDG de RAM.
Un été difficile
L’été sera difficile en termes de gestion du trafic pour la compagnie. Cette difficulté provient surtout de la fermeture du terminal 1 de l’aéroport Mohamed V. Ce dernier ne devant être opérationnel à 100% qu’en 2012. Ce qui risque d’impacter sérieusement la qualité des prestations pour les voyageurs. Et tant que ce terminal sera fermé et même avec l’ouverture du terminal 2 il n’y aura pas d’augmentation sensible au niveau de la capacité d’accueil notamment en période de pointe. A noter que RAM s’attend à une concentration des vols des passagers entre le 15 juin et début août. A cela s’ajoute l’Omra qui coïncide avec le mois de Ramadan (août). Les pics d’activité risquent ainsi de franchir des records alors que l’outil aéroportuaire est le même que l’année dernière.
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