AFP-22/03/2010
Les Etats-Unis veulent investir 100 millions de dollars pour promouvoir le tourisme, mais leur capacité à redorer une image ternie à l’étranger est mise en doute, certains dénonçant notamment l’imposition d’une taxe aux visiteurs.
Le président américain Barack Obama a signé le 4 mars une loi qui fonde un organisme de promotion du tourisme et a pour objectif de créer des emplois dans ce secteur en perte de vitesse depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Les défenseurs du texte affirment que le programme qui pourrait prendre six mois à deux ans à être mis en place, aidera à créer une image de “marque” pour les Etats-Unis, deuxième pays le plus visité au monde derrière la France, et attirera les touristes internationaux, augmentant du même coup les profits du secteur. La loi prévoit des dépenses de 100 millions de dollars, sans solliciter directement le contribuable américain. Le plan est financé via le secteur privé et en imposant notamment une taxe de dix dollars aux visiteurs exemptés de visas, essentiellement en provenance d’Europe.
C’est cette taxe qui est le principal sujet de contentieux cité par les détracteurs du projet: pour eux, le pays n’a pas besoin de se vendre et ces frais risquent de rebuter les touristes. “Ce n’est pas comme si les gens n’avaient pas conscience de l’existence des Etats-Unis”, a ainsi affirmé Steve Lott, porte-parole de l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente les grandes compagnies aériennes internationales.
Cette nouvelle contribution est “une taxe touristique et que ce soit pour les Etats-Unis ou d’autres pays, les taxes touristiques ont tendance à nous inquiéter”, a ajouté M. Lott.
L’IATA a indiqué récemment au Congrès, lors d’un débat sur cette initiative, que la mesure allait réduire le nombre de visiteurs étrangers plutôt que l’augmenter.
Mais pour Geoff Freeman, vice-président de la US Travel Association, groupe à l’origine du projet, la loi “est le message le plus fort des autorités américaines dans le monde de l’après 11-Septembre pour signaler que nous allons investir afin d’accueillir plus de visiteurs”. Il a estimé que le programme devait être couplé avec des efforts pour changer la perception et la réalité du premier contact des visiteurs avec les Etats-Unis, marqué par des procédures de sécurité très rigoureuses, de longues files d’attente et un accueil parfois inamical. “La demande touristique pour les Etats-Unis est élevée”, juge M. Freeman. “Là où nous souffrons, c’est dans la perception que les Etats-Unis ne sont pas aussi accueillants qu’ils l’ont été”.
Selon son organisation, le nombre de touristes étrangers a chuté constamment au cours de la dernière décennie. Tandis que 46,3 millions de touristes supplémentaires ont voyagé dans le monde entier en 2009 par rapport à 2000, les Etats-Unis en ont accueilli 2,4 millions en moins sur la même période. Les défenseurs du projet affirment en outre qu’il peut créer jusqu’à 40.000 emplois et rapportera bien plus que son coût initial. Mais certains avertissent d’un possible retour de bâton, d’autres pays risquant d’être tentés d’imposer à leur tour une taxe aux touristes américains, ce qui pourrait purement et simplement remettre en question le système d’exemption de visas en vigueur avec la plupart des pays de l’Union européenne. |