Geoff Hann *
Le Cachemire est pour beaucoup une destination politique àconnotation sentimentale. Mais, mis àpart la politique, il est vraiment un beau coin du monde. Il est difficile de parler du Cachemire indien ou du Cachemire pakistanais sans affecter le sentiment des gens, même de ceux qui veulent un Cachemire uni.
En parlant du tourisme maintenant, nous visons le Cachemire indien, dont la capitale Srinagar est considérée comme la plus importante destination touristique de « la vallée heureuse » et de « la vallée des larmes ». Certes, l’empereur mongol qui a édifié les célèbres jardins de Shalimar a tiré profit du climat de cette station estivale. Les britanniques, durant les premiers temps de leur occupation de l’Inde, y ont trouvé également le climat montagneux propice après les chauds étés des plaines indiennes et y ont institué la tradition des barques qui sont aujourd’hui l’un des moyens de distraction qui font la renommée du lac Dal.
Mais, qu’en est-il actuellement en 2004 ? Le problème du Cachemire qui a été divisé en 1947 entre le Pakistan et l’Inde est connu et reconnu. Les dernières quinze années étaient particulièrement tendues pour les populations, tant musulmanes qu’hindoues. Malgré que la plupart des hindous avaient émigré depuis longtemps. Le plus dramatique, notamment pour les habitants de Srinagar, est l’arrêt de l’activité touristique, source principale de revenus pour eux. Ils ont perdu le marché indien premièrement, puis celui des européens.
Cette station souffre toujours lors des situations d’instabilité. Les organisateurs de voyages de New Delhi ont persisté àinformer le monde, cette année et l’année précédente, que les choses ont changé et que les gens retournent de nouveau au Cachemire. Mais, essayez de dire cela aux sociétés d’assurances de voyage qui suivent àla lettre les conseils du ministère des affaires étrangères britannique.
En conséquence, des débats fréquents eurent lieu sur des voyages d’une semaine au Cachemire et des programmes ont été établis en ce sens avec une agence de voyage de New Delhi qui croit que « tout est bien maintenant ».
Oui, àpeu de choses près ! Le tourisme de Srinagar s’est amélioré, ainsi que dans les régions voisines telles que Gulmarg et Sonamarg. L’armée indienne montre une présence musclée autour de Srinagar. C’est une preuve que toutes les parties désirent atteindre leurs objectifs. Il est vrai aussi que cet été Srinagar a connu un fort afflux de touristes indiens ; et il y a des indices de réjouissance sur les visages des opérateurs du tourisme. Les habitants du Cachemire sont fatigués des luttes et beaucoup de leur jeunes ont quitté le pays pour assurer leur subsistance en Inde ou ailleurs. Cet été certains d’entre eux sont retournés au pays.
Si l’on vient de Grande Bretagne, comme moi, on est accueilli avec chaleur de la part de ceux qui connaissent bien ce pays, y compris les boulevards et rue de Londres. De toutes les façons, j’étais le seul occidental parmi les touristes qui venaient de Malaisie, de Singapour et de Chine.
Une rencontre avec le directeur du tourisme de Srinagar a révélé des chiffres effarants : une économie au bord de la faillite, une production locale subissant des taux d’export en baisse et de nombreux orphelins. Mais, les crédits àfaible taux et àlong terme ont été fournis par le gouvernement indien pour le renouvellement des barques exploitables dans le lac. Plus le l’activité de voyage augmente, plus les propriétaires de barques et d’hôtels s’orienteront vers ces sources de financement. Des indices en ce sens sont visibles àtravers les maisons repeintes, le renouvellement des bains et d’autres travaux. Ajouter àcela la volonté de plaire, qui est l’un des fondamentaux du tourisme d’été. Les producteurs de tapis, de couvertures et ceux qui travaillent le bois et le papier sont actuellement en pleine activité. Alors, que beaucoup de commerçants ont été obligés de quitter Srinagar pour des raisons économiques, durant les quatorze dernières années. Ils se sont installés en Inde et ailleurs.
Maintenant, nous nous habituons aux produits du Cachemire et àleurs prix qui sont bien sûr moins chers qu’en Grande bretagne. C’est la mentalité du touriste qui veut acquérir les marchandises àbas prix ou àmarchander.
Personne ne peut nier que le lac Dal et Nagin sont des lieux de repos. Le voyage àtravers une barque durant un jour dans le lac est un transfert vers un autre monde : le bercement de la barque, la douceur du soleil, la rencontre des autres demandeurs de repos, la variété extraordinaire des oiseaux, tous ces éléments lui laissent des souvenirs pour toute la vie. Nous retournons au monde des empereurs mongols. Les jardins sont en voie de restauration partout, notamment les célèbres jardins de Nishat et Shalimar au passé prestigieux et àl’avenir prometteur.
Ce lieu est surplombé de stations estivales montagneuses et fluviales àGulmarg et Sonamarg où l’on trouve des terrains de golf, des stations de ski fortement célèbres. Pahalgam est située àl’entrée de gorges propices aux randonnées. Mais, malheureusement toute cette région montagneuse, connue pour la beauté de ses paysages et les défis de ses parcours montagneux n’est pas encore suffisamment sûre pour les Occidentaux. Quoique je ne crois pas que la situation restera ainsi àlong terme.
Lorsqu’on regarde vers l’avenir, la rumeur s’intensifie et les politiciens aiment faire des supputations. Mais, en réalité, les routes reliant le Pakistan àl’Inde ne sont qu’àdeux heures et demi àl’est de Srinagar. Elles ont été renouvelées par les deux parties ; ce qui a engendré un développement notable et va pouvoir ouvrir la voie au commerce et renouer le contact entre les gens et les familles. Ces évolutions positives vont s’accroître lorsque le Cachemire pakistanais s’ouvrira au tourisme. La volonté politique a-t-elle le pouvoir de réaliser cela ? Les résultats peuvent être considérables pour la région et pour le marché international du tourisme. Visitez-le maintenant avant que n’y vient tout le monde !
* Geoff Hann est le ptron de la société Hinterland de voyages, spécialiste des voyages touristiques vers Cachemire, Afghanistan et l’Irak. |