La République du Centre –01/02/2010
2009 restera comme une année difficile pour le secteur du tourisme, notamment en raison de la désaffection des touristes étrangers.
"La France a subi un recul du nombre de touristes étrangers de 11,5% l'an dernier", déclare Didier Arino, directeur de Protourisme, qui livre en avant-première son bilan de l'année. Selon lui, la France s'en sort bien malgré le contexte de crise qui l'a frappée, comme partout ailleurs.
La France devrait rester la première destination touristique mondiale en 2009 et ce, malgré la baisse du nombre de touristes étrangers. Pour Didier Arino, "le report des touristes français de l'étranger vers la France sauve la fréquentation du pays".
"Toutes les nationalités étrangères, européennes comme lointaines, ont été moins présentes sur le territoire national l'an dernier", explique le directeur de Protourisme. "Les Européens se contractent de 14%, et les Russes de 30%", s'étonne Didier Arino. Dans le même temps, il souligne l'augmentation de la fréquentation des Brésiliens et Chinois, "entre 15 et 20%", tout comme des Japonais et des Américains, "dont c'est le retour".
Toutefois, il tempère son propos expliquant que les hébergements marchands ont été les plus impactés par la baisse de la fréquentation des touristes étrangers. L'hôtellerie enregistrerait selon ses chiffres un recul de 4,5% de ces nuitées. "La baisse du tourisme d'affaires justifie cette tendance", explique-t-il. "Le nombre de touristes loisirs, en augmentation de 3%, a permis de palier le manque de touristes affaires".
L'hôtellerie de luxe subit le plus cette baisse du nombre de nuitées tandis que l'hôtellerie économique, qui profite du retour des touristes français, se porte le mieux dans le secteur.
Plus localement, les régions émettrices ont été les plus touchées par la baisse de la demande, au premier rang desquelles l'Ile-de-France, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Rhône-Alpes. "14 régions sur 22 constatent une baisse de leurs nuitées hôtelières, quand seulement 8 sont à peine stables", confie Didier Arino.
Tous les modes d'hébergement ont ressenti une baisse de fréquentation. Elle a atteint 6% pour les locations meublées classiques, de type appartement, 3% dans les locations meublées rurales, 4% dans les villages-vacances.
"Il n'y a que l'hôtellerie de plein-air qui s'en sort bien en 2009 avec un nombre de nuitées en hausse de 3%", déclare le directeur du bureau d'ingénierie touristique. Pour ce secteur, le Centre, le Massif central, le Languedoc-Roussillon, le tourisme de montagne et du littoral sud-atlantique réalisent les meilleurs résultats l'an dernier.
Autre tendance forte du marché l'an dernier, les touristes ont fait attention à leurs dépenses "préférant se concentrer sur l'essentiel", explique Didier Arino. "Les dépenses annexes, superficielles, ont laissé la place à des dépenses plus importantes", avance-t-il. En somme, les touristes ont souhaité "en avoir pour leur argent" et n'ont pas "hésité à mettre le prix lorsque cela était nécessaire".
Un comportement qui trouve également sa traduction dans le succès des parcs de loisirs. "Ils ont été la valeur sûre de l'année qui s'est écoulée. Chacun des grands parcs français, même si Disneyland dans une moindre mesure, ont fait état d'une hausse de leur nombre de visiteurs", déclare le spécialiste. " Les 250 principaux parcs affichent une croissance de 5 % en fréquentation et de 7% en chiffre d'affaires, hors Disneyland", explique-t-il. Pour ce dernier parc, Didier Arino précise que "le nombre de visiteurs a atteint un niveau record cette année, toutefois, la fréquentation du parc est fortement impactée par la baisse de la fréquentation étrangère".
"Le secteur du tourisme devrait s'en sortir avec un chiffre d'affaires stable en 2009, même si dans le détail, la situation sera très contrastée, avec un recul de 9% pour l'hôtellerie marchande et une hausse de 5% pour l'hôtellerie de plein-air", conclut Didier Arino.
Pour 2010, le directeur de Protourisme reste confiant, mais prudent. "Les Français essaient de préserver leurs vacances. Mais deux grandes questions vont se poser tout au long de l'année. Les Français vont-ils continuer à rester en France ou repartir à l'étranger ? D'après les voyagistes, les commandes pour l'étranger reprennent ce qui est une bonne nouvelle pour eux, mais une moins bonne pour le tourisme hexagonal. Ensuite, les clientèles étrangères vont-elles ou non renouer avec le tourisme en France ? Ces deux variantes détermineront la bonne santé du secteur cette année". |