L'Économiste -05/12/2009
Le tourisme est une activité importante, tant pour l’économie globale que pour le développement des régions du Royaume. Il constitue, de ce fait, un levier important pour la modernisation des territoires. Toutefois, la faiblesse et la concentration de la demande émanant des pays émetteurs traditionnels du Maroc sont un défi à relever. Ainsi, les tentatives d’extension, d’adaptation, d’amélioration et de diversification du produit touristique, à l’échelle de la région, s’orientent principalement vers l’exploitation des produits touristiques de niche telles les randonnées, la navigation de plaisance, la pêche, la chasse,…mais aussi vers le développement du tourisme interne.
Eu égard à cette donne, il est clair que la région dispose d’un potentiel touristique important, aussi bien dans le domaine traditionnel du littoral balnéaire, que dans l’arrière-pays ou encore dans la richesse humaine et culturelle. En effet, le nombre de touristes est en augmentation continue d’année en année. De même, le nombre de nuitées a affiché un accroissement considérable, ce qui traduit la position de plus en plus confortée de la région sur l’échiquier touristique.
Dans ce contexte, les enjeux sont d’autant plus risqués et il s’agit de saisir les potentialités objectivement existantes, avant qu’elles ne soient compromises par le développement d’autres secteurs économiques. L’on pense, notamment, aux ressources du littoral atlantique régional: plages, tourisme aquatique, mais aussi de nombreuses activités d’accompagnement… qui nécessitent avant tout la poursuite d’une revalorisation déjà entamée ainsi qu’une intégration cohérente dans l’espace complexe et écologiquement fragile du littoral.
Il y a lieu de citer également les points d’eau et surtout les barrages et les retenues collinaires qui offrent des possibilités inexploitées de développement du tourisme régional et aussi national (barrage Al Massira sur l’Oum Errbia, avec une capacité de retenue de 2,8 milliards de m3, barrage d’Imfout, Daourat et Sidi Saïd Maâchou…). Sans oublier les espaces forestiers (sites d’intérêt biologique et écologique d’Oued Cherrat, de Khatouat et de Bni Zemmour) ainsi que les ressources créées par l’homme ou tourisme urbain qui présente les atouts les plus importants, du moins à moyen terme (circuits golfiques, tourisme d’affaires, captage intelligent des flux de transit…).
De même, en vue d’offrir des produits touristiques spécifiques différenciés, avec des rendements économiques et financiers appropriés, il sera question de l’organisation et de la structuration des produits de niche existants: la chasse et la pêche touristiques. Dans ce registre, les trois provinces de Chaouia-Ouardigha sont concernées par la chasse avec au total plus de 3.000 chasseurs. La chasse est pratiquée dans les forêts, mais aussi sur les terrains agricoles, à proximité des oueds et des barrages, dans les dayas… Autant de sites favorables pour la reproduction des principaux gibiers: perdrix Gambra, lièvre, sanglier, lapin, caille. Vu la proximité de Benslimane par rapport aux grandes villes (Casablanca, Rabat et Mohammédia), et dans le cadre de la politique cynégétique menée, cette province a accueilli plus de 10 amodiations couvrant une superficie supérieure à 68.000 ha. Cette province dispose aussi de 5 réserves dont 2 permanentes. Par contre, la province de Khouribga est faiblement dotée en matière de chasse amodiée, mais elle dispose des réserves de chasse les plus importantes (125.000 ha) de la région.
S’agissant de la pêche touristique en eau douce dans la région Chaouia-Ouardigha, elle concerne environ 25 douars sur les deux rives du barrage Al Massira avec une population d’environ 10.000 habitants. Ces derniers participent à l’activité de pêche, mais également à d’autres segments de cette filière (confection et réparation de filets, de barques, intermédiaires divers,…). Par ailleurs, des amodiations de pêche existent dans la province de Benslimane, notamment celle de Oued El Mellah pour l’élevage de la carpe et du mulet destinés au commerce. A Khouribga, seules les retenues d’eau des barrages et des lacs collinaires peuvent faire l’objet de l’élevage de poisson, en particulier black-bass et carpes, et ce, en raison de la faible pérennité des cours d’eau.
Quant à la pêche maritime, elle est forcément limitée dans la région, du fait de son issue restreinte sur la côte atlantique. Cette dernière se limite aux bandes côtières de la province de Benslimane et de la province de Settat. Un effort particulier est à signaler en matière d’organisation structurelle de l’activité de pêche artisanale, de création de villages de pêcheurs, de réglementation des circuits de commercialisation… Toutefois, à l’heure actuelle, on peut évaluer la pêche maritime comme une ressource relativement limitée du point de vue régional. Son apport actuel à l’économie régionale reste faible et si ce secteur devait évoluer, son intégration horizontale et verticale aurait tendance à se faire en direction de la métropole casablancaise. En effet, il est nécessaire de préciser que la partie du littoral atlantique qui relève de la région est à considérer en tant que «ressource complexe» dont la valeur ne saurait être exprimée simplement par l’effort de pêche qu’elle abrite. Au contraire, cet espace, écologiquement fragile, est soumis à une pression humaine de plus en plus accentuée (agriculture maraîchère, mais aussi activités touristiques et plages, urbanisation…).
Des créneaux particuliers ont été sans doute mis à profit, ici et là, mais ils ne sauraient tenir lieu de politique globale. A cet effet, tenant considération des différentes contraintes du secteur et de par les opportunités de développement qu’il présente, la reformulation des objectifs d’un éventuel plan de développement touristique régional, axé sur le tourisme interne et les produits de niche, urge et s’impose. Il offrira une occasion de corriger, par les actions futures, les déséquilibres que crée le tourisme au niveau de l’aménagement du territoire. L’enjeu est celui d’une meilleure maîtrise du développement touristique avec l’objectif de maximiser ses retombées locales grâce à une meilleure connaissance de la demande segmentée par types de besoin, de la concurrence, de l’offre et de la circulation des revenus.
Ainsi, le tourisme de niche constituera sans doute un gisement économique important et un facteur d’ouverture, de mise en valeur de la culture locale et d’amélioration des conditions de vie des sociétés locales (création d’infrastructures de transports, amélioration des services collectifs et du cadre de vie, désenclavement des zones rurales, insertion aux circuits modernes du commerce et de l’économie). Les milieux naturels, jadis délaissés par les autochtones, constitueront un élément très important pour le décor des vacances du touriste.
En définitive, pour promouvoir le secteur dans la région Chaouia-Ouardigha, c’est une stratégie échelonnée sur le temps, qui doit être mise en œuvre. Préalablement, le recensement et l’identification des potentialités touristiques s’imposent à l’évidence. Il convient de se baser sur les demandes et les aspirations de la clientèle potentielle nationale et internationale, à partir d’études de marché affinées. Il importe également de hiérarchiser les atouts touristiques existants sur la base des données commerciales recueillies dans ces marchés. Enfin, un programme d’action, basé sur la multiplication des zones d’aménagement touristique et l’exploitation de nouveaux sites et écosystèmes présentant parfois des risques de vulnérabilité, doit être élaboré et appliqué.
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