20minutes.fr - 03/04/209
Alors que le salon Rendez-vous en France vient de fermer ses portes, l'accent a été mis sur les pays émergents, les Bric, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Coup de projecteur sur les touristes venus du pays de Gandhi...
En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des touristes. Avec 82 millions de touristes en 2008, et un objectif de 100 millions en 2015, l'Hexagone reste la première destination touristique au monde. Dans un contexte de crise, la France «profite de sa situation géographique centrale, alors que les gens vont moins loin et moins longtemps», explique Thierry Baudier, directeur général de Maison de la France, organisme en charge de la promotion de la France à l'étranger. Lequel organisait cette semaine la 4e édition de Rendez-vous en France, réunissant à Paris 750 tours-opérateurs étrangers venus de 62 pays. Outre les pays historiquement «clients», les 600 exposants faisaient les yeux doux aux Bric, les Brésiliens, Russes, Indiens et Chinois. «Ce sont des clientèles stratégiques, même si elles représentent moins de 10% des touristes», précise Thierry Baudier. En conséquence de quoi, pour partir notamment à la conquête du marché indien, Maison de la France a ouvert un bureau à Bombay en octobre 2006. «Nous avons accueilli 190.000 indiens en 2005, 220.000 en 2008 et visons 600.000 à 800.000 touristes d'ici 2020», détaille Karim Mekachera, directeur inde de maison de la France. Et d'ajouter, «en 2005, il existait trois brochures sur la France, aujourd'hui il y en a vingt-sept».
Pour toucher le plus grand nombre, Karim Mekachera mise sur le cinéma et part à la conquête de Bollywood. Avec à l'esprit que les films soient tournés en France. «Il est très important que les images soient prises par des Indiens pour être efficaces. L'attachement à l'image est unique et spécifique au marché indien», insiste Barbara Shabana Breheret, en charge du marché indien au nom du comité régional du tourisme Rhône-Alpes. Ce que la Suisse a compris depuis longtemps. «D'autant qu'un paysage de montagne est la représentation du paradis pour un Indien.»
A charge au bureau Maison de la France de faire de l'Hexagone une destination en soi et montrer sa variété. «Plus on est loin de la tour Eiffel, mieux on la voit», s'amuse à dire Karim Mekachera à ses interlocuteurs qui ne jurent que par Paris. «Nous avons commencé par Paris, maintenant on cherche à faire découvrir la France authentique. La France n'est pas seulement Paris, confirme Ashwini Kakkar, vice-président de Mercury Travel. C'est LA destination romantique, avec la mode, le bien-vivre, le parfum, la gastronomie.»
Au sein des classes moyennes supérieures, ses cibles sont au nombre de trois: les DINKS (double income nos kids) ou couples sans enfants, les couples en voyage de noces et les familles. Si la France incarne toujours le romantisme par excellence, il reste à progresser sur le service. «La France peut être une destination anxiogène, l'Indien est pris en charge en permanence chez lui. Par exemple, on ne fait pas porter sa valise à un Indien, explique Barbara Shabana Breheret. La notion de service est insuffisante dans un pays comme le nôtre.» L'accueil s'est en revanche amélioré, «l'Indien n'a plus l'image du slumdog», se félicite Ashwini Kakkar.
En revanche, un reproche pointe souvent: des menus peu adaptés à une population végétarienne à 70%. «Un plat végétarien n'est pas la garniture dont on a retiré la viande», s'agace Barbara Shabana Breheret. Quant à la faible proportion de Français parlant anglais, «il s'agit plus d'une perception que d'une réalité». Autre critique, les formalités administratives. «On ne peut pas faire venir des clients à dernière minute», regrette Ashwini Kakkar. «Un visa peut être obtenu en trois jours, répond Karim Mekachera. Pas en haute saison, c'est vrai où il faut compter un mois.»
Reste l'obstacle du prix et de la force de l'euro. «La France n'est pas si chère, elle vous en donne pour votre argent», répond Karan Anand, directeur du développement du tour opérateur Cox and Kings. «Ce n'est pas si cher, au moins pour ceux qui ont les moyens de partir à l'étranger», ajoute Nishant Kashikar, directeur marketing de Kuoni en Inde. Et la crise? «Nous sommes toujours à 5% de croissance, contre 15% par an sur les trois dernières années», rassure-t-il. Pourtant, Ashwini Kakkar reconnaît devoir revoir certains budgets à la baisse. «Les Indiens ne partent en vacances en famille qu'une fois par an, donc ils ne suppriment pas leurs vacances. On s'adapte, en réduisant la durée des séjours dans les grandes villes. Nous devons faire face à la concurrence de la Malaysie, Singapour, l'île Maurice, le Viet-Nam ou Hong-Kong. Où les gens peuvent partir pour 30% d'un voyage en France.» Le prix du romantisme.
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