Ethisme - 14 jan 2009
Une série interminable de barres d'immeubles défigurant le littoral de la Costa del Sol en Espagne ou de Cancun au Mexique : tel est le contre exemple de développement touristique auquel le Maroc veut à tout prix échapper. Pour se faire, le pays s'est lancé dans une politique volontariste de sauvegarde de l'environnement. Mais comment concilier tourisme durable avec un objectif de 10 millions de visiteurs par an à l'horizon 2010 ?
Pour Salima Haddour, directrice de l'Office National Marocain du Tourisme à Paris l'idée directrice du développement durable au Maroc est claire : « Il faut constamment penser à l'avenir en gérant le quotidien ». Pour que les chèvres puissent continuer longtemps à grignoter des feuilles perchées dans les branches des arganiers sans être dérangées par une urbanisation agressive, le Maroc a pris à bras le corps son avenir touristique. « Notre vision du développement touristique durable s'inscrit dans trois directions. Nous souhaitons préserver notre culture et nos traditions, protéger notre environnement et œuvrer pour que le tourisme soit un vecteur de progrès social » explique Salima Haddour. Des idées dans l'air du temps que le Comité Marocain pour le Tourisme Responsable, né en 2006 s'efforce de faire connaître et de mettre en pratique. La création des Pays d'Accueil Touristiques (PAT) en est un exemple plutôt réussi. Ces circuits sillonnent des régions rurales à l'écart des routes touristiques habituelles. Ils engendrent ainsi une dynamique économique à l'échelon local. Pour Salima Haddour, ils répondent à une double attente. « En créant des emplois dans des zones excentrées, les PAT limitent l'exode rural. Ils sont également un moyen idéal pour répartir les touristes sur toute l'étendue du territoire et éviter ainsi leur concentration dans certaines grandes villes ». Du coté des certifications, souvent inhérentes à ce type de projets, un label « Tourisme Responsable » a été crée. Il sera attribué à tout professionnel qui respecte les principes de développement durable. Coté aquatique, le label Pavillon Bleu s'est vu attribué à 13 plages dans le pays. Enfin le programme Clé Verte, récompensant les bonnes pratiques des hôteliers, a été lancé par la fondation Mohamed VI en 2006. Cette fondation s'implique également dans la sauvegarde de la palmeraie de Marrakech. Son objectif : planter 30 000 palmiers et les entretenir avec les techniques d'arrosage ancestrales.
La gestion de l'eau s'avère justement un problème épineux. Que penser par exemple des 17 parcours de golf du pays, qui vont être multipliés par deux dans les prochaines années. « Au Maroc, le premier utilisateur de l'eau est le secteur agricole » répond sans détour la directrice de l'office de tourisme. « Il faudrait avant tout songer à économiser cette ressource dans les cultures. Mais les golfs ne sont pas pour autant oubliés. Tous les nouveaux parcours devront se doter d'une station de récupération des eaux usées » ajoute-t-elle. L'eau est également au centre du cahier des charges du plan Azur, qui prévoit la construction prochaine de six stations balnéaires. « Des études sur l'impact environnemental et l'implantation d'une station d'épuration seront obligatoires pour chaque site » précise Salima Haddour. Des mesures bienvenues pour réglementer les futures constructions, mais pas encore de gros projets pour corriger les défauts des sites déjà existants.
Projets, réflexions, anticipations, consultations, développement environnemental... les actions en faveur de l'environnement marocain sont désormais bien engagées. Dans un pays « en chantier » comme aiment à le préciser les professionnels locaux du tourisme, il faut laisser du temps au temps. Toute une sagesse orientale.
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