L'Express (Port Louis)-18 Septembre 2008
Des touristes à l'aéroport de Plaisance. Les séjours combinés Maurice-Réunion représentent 30 % des produits vendus par les tour-opérateurs. «Si le modèle économique du low-cost n'est pas applicable aux longs courriers, une approche régionale est parfaitement envisageable et faciliterait le montage de produits combinés inter-îles auxquels aspirent les tour-opérateurs".
C'est, au moment de la clôture des assises du tourisme, vendredi 12 septembre, que le secrétaire d'État au Tourisme, Hervé Novelli, a ressorti des placards le débat sur la mise en place d'une desserte aérienne à bas prix entre les îles de l'océan Indien, notamment avec Maurice. Une idée qui ne date pas d'hier et qui cumule les occasions ratées de se concrétiser. Récemment, Yves Jégo avait évoqué le sujet. Puis ce fut au tour d'Hervé Novelli d'en parler. À chaque fois, l'État n'a rien annoncé de concret. Pour l'instant, on ne sait ni où, ni comment, ni quand ce type de proposition pourrait devenir une réalité.
Qu'est-ce qui se cache aujourd'hui derrière ce low-cost ? Est-ce l'idée de liaisons garanties à coûts réduits entre les îles ? Ou est-ce plutôt l'arrivée d'une ou plusieurs compagnies aériennes à bas prix (du type Ryanair, Easyjet, etc.) dans le ciel régional ? Pour l'instant, rien de concret n'a filtré. L'expérience aidant à se méfier des effets d'annonce, gardons-nous de crier victoire.
Si les questions de la baisse des prix du transport dans la zone ou de l'amélioration de la desserte régionale sont de nobles revendications, elles se heurtent toujours à de sérieux freins. Il faudrait d'abord signer un accord politique avec le gouvernement mauricien. Plus facile à dire qu'à faire.
Si le tourisme local peut effectivement être intéressé par l'accroissement des voyages combinés avec Maurice au départ de l'Europe (une des hypothèses avancées), la réciproque est moins évidente. L'île Soeur n'a pas grand-chose à y gagner.
Si le tourisme local peut effectivement être intéressé par l'accroissement des voyages combinés avec Maurice au départ de l'Europe (une des hypothèses avancées), la réciproque est moins évidente. L'île Soeur n'a pas grand-chose à y gagner. Les séjours combinés Maurice /Réunion représentent aujourd'hui 30% des produits vendus par les tour-opérateurs. Mais le combiné peine à décoller, alors qu'il a été lancé depuis plusieurs dizaines d'années. L'autre frein vient de la compagnie régionale Air Austral. Gérard Ethève, son patron, a déjà contesté les propositions d'Odit France et a estimé que la libéralisation de l'espace aérien entre Maurice et la Réunion ne profiterait qu'à Port-Louis.
Le Département et la Région, tous deux actionnaires d'Air Austral via la Sematra, craignent que les intérêts de la compagnie ne soient menacés. "Air Austral représente 680 emplois pérennes pour les Réunionnais, bientôt 900 avec l'ouverture de nouvelles lignes", a précisé Nassimah Dindar (présidente de la Sématra). "Il ne faut pas remettre en cause l'existant", a demandé pour sa part Pierre Vergès, vice-président du conseil régional et président de l'IRT.
Des positions aujourd'hui réfutées par les professionnels du tourisme local qui voient dans l'arrivée d'une compagnie à bas prix, "l'assurance de nombreux emplois créés". Mais pour le moment, la question du low-cost reste posée.
A moins que l'État ne se décide cette fois à taper un grand coup en autorisant des compagnies aériennes à venir s'installer, rien ne sera fait...
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