Edicom - 17 /4/2008
La Chine a finalement décidé de repousser la réouverture du Tibet au tourisme, les militants pro-Tibétains attribuant ce revirement à une tension persistante dans la région.
Interrogé jeudi 17 avril sur ce projet de report, un responsable local de l'Administration du Tourisme a confirmé: "Oui, car les conditions ne sont pas mûres".
L'homme, qui a refusé de donner son nom et indiqué être le directeur du principal bureau de Lhassa de cette administration, a expliqué qu'une nouvelle date n'avait pas été fixée.
"Cela n'a pas encore été décidé", a-t-il dit, sans fournir de détails sur les raisons de cette décision.
Le Tibet a été fermé aux visiteurs à la suite de violentes manifestations qui ont secoué Lhassa, sa capitale, le 14 mars, et se sont propagées aux régions avoisinantes, à fortes minorités tibétaines.
Début avril, la Chine avait annoncé qu'elle rouvrirait le Tibet aux touristes à partir du 1er mai.
Cependant, ces derniers jours, les tours opérateurs ont été informés de la nouvelle donne, a indiqué l'un d'eux à Chengdu (sud-ouest), ville d'où partent de nombreux groupes organisés vers le "Toit du monde".
"On nous l'a dit, mais on ne nous a pas donné de nouvelle date", a expliqué cette source, qui a requis l'anonymat.
Selon l'organisation "Campagne pour le Tibet", basée aux Etats-Unis et favorable à un dialogue entre le dalaï lama et Pékin sur la question tibétaine, cette décision s'explique par une tension persistante dans la région.
Le Tibet pourrait n'être rouvert au tourisme qu'après les jeux Olympiques de Pékin (8-24 août), a-t-elle affirmé, indiquant avoir reçu des "informations crédibles" sur le sujet.
A deux reprises ces dernières semaines, des moines tibétains ont perturbé à Lhassa et dans la province du Gansu (nord-ouest), des visites de presse organisées par les autorités pour la presse étrangère afin de montrer le retour à la normale.
A ces occasions, les moines ont dénoncé la présence chinoise et réclamé le retour au Tibet du Dalaï lama, le chef spirituel du bouddhisme tibétain, en exil en Inde depuis 1959 et bête noire de Pékin.
Selon les groupes pro-tibétains à l'étranger, la tension est renforcée par des campagnes de "rééducation patriotique" menée dans les monastères, au cours desquelles les moines sont obligés de critiquer le dalaï lama.
Les dirigeants tibétains en exil affirment que la répression chinoise a fait plus de 150 morts tandis que la Chine accuse des "émeutiers" tibétains d'avoir tué 18 civils et deux policiers.
Les autorités chinoises avaient évacué les touristes étrangers à la suite des émeutes anti-chinoises de Lhassa du 14 mars.
Les journalistes étrangers s'étaient vus également interdire l'accès au moment où la Chine envoyait de nombreuses forces de sécurité pour réprimer les manifestations.
Par ailleurs, depuis la crise tibétaine et le fiasco du passage de la flamme olympique à Paris, les tours opérateurs français ont constaté une désaffection des touristes de l'hexagone pour la Chine.
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