Nourredine Essaoudi
Les attentats du 11 mars madrilène ont révélé, au grand jour, le fossé séparant les musulmans qui vivent en Espagne du reste des Espagnols. Un état des lieux que l'actuel gouvernement tend àrétablir, mais des obstacles persistent. Il s'agit d'un projet de la municipalité de Séville qui a octroyé àla communauté musulmane d'Espagne un lot de terrain pour y bâtir une mosquée. Les gens qui ont manifesté, fin novembre, contre ce projet n'ont pas lésiné sur les moyens, collecte de signatures des habitants et distribution de tracts qui présagent, disent-ils, « une augmentation de l'insécurité » dans la capitale de l'Andalousie. Leur but est le retrait de ce projet.. Cette manifestation rappelle étrangement celle, en 2001, des habitants d'Almeria contre l'ouverture d'un consulat du Maroc de l'Andalousie. Devenu une nécessité après les tragiques évènements d'El Egido, banlieue d'Almeria, le consulat n'a pu ouvrir ses portes qu'àla troisième tentative. Le « motif » des anti-consulat marocain àAlmeria est le même que chez les anti-mosqué àSéville : « l'insécurité ».
Chez l'actuel gouvernement espagnol, le ton est àl'apaisement avec la communauté musulmane d'Espagne qui a souffert, et souffre encore, des séquelles des attentas terroristes du 11 mars àMadrid. Signe de bonne volonté, l'équipe Zapatero a anticipé, d'un an, l'enseignement de la religion musulmane. Les cours commenceront début janvier 2005, dans les écoles publiques àMadrid, Barcelone, l'Andalousie et Levante. Le gouvernement prévoit, aussi, la régularisation de tous les imams sans papiers.
Le but de la main tendue du gouvernement aux musulmanes d'Espagne est de favoriser le courrant modéré au sein de cette communauté. Dans ce contexte, le projet de construction de la mosquée de Séville est une nécessité gouvernementale de limiter la prolifération des mosquées clandestins qui échappent, totalement, au contrôle du ministère de l'Intérieur et de sa direction des affaires religieuses.
En effet, depuis les attentats du 11 mars, le contrôle de l'Islam en Espagne est devenu une priorité gouvernementale. Tenant exemple de Paris, Madrid aspire àl'installation d'un Islam d'Espagne. Mais, le chemin est encore long pour la réalisation de ce but, tellement les obstacles sont multiples. D'un côté, les musulmans d'Espagne sont éparpillés, rendant l'émergence d'un interlocuteur unique, une tâche très difficile et d'un autre côté les réticences, notamment de la droite en Espagne, renvoient la naissance d'un Islam d'Espagne aux calendes grecques. Cependant équipe actuelle àla Moncloa, paraît, déterminée àposer, au moins, les premiers jalons de ce projet. |