Marine-marchande.com/10-12-2007
Réputée pour ses plages de rêve, l'île thaïlandaise de Phuket, qui accueille chaque année depuis 20 ans les régates de la King's Cup, est devenue le premier marché asiatique du nautisme, illustration de la volonté des autorités de rompre avec un tourisme de masse pour aller vers le "haut niveau".
Avec plus de 5 millions de visiteurs par an (sur un total de 14,8 millions prévus en 2007 en Thaïlande), Phuket, destination bon marché, voit ses capacités d'accueil et ses infrastructures arriver à saturation.
Son environnement si riche, découvert par les "routards" dans les années 70, commence également à souffrir. En octobre, l'association du tourisme de l'île a même demandé à limiter le nombre de visiteurs.
"Nous avons 30.000 chambres d'hôtel à Phuket, avec un taux d'occupation annuel de 70%, cela est suffisant", expliquait ainsi Maitree Narukatpichai, président de l'association du tourisme et directeur du Hilton Arcadia de Phuket, invitant même les autorités à promouvoir d'autres destinations.
Le ministre du tourisme, Suvit Yodmani, lui emboîtait le pas au même moment en annonçant de son côté que "la priorité cette année serait le tourisme de haute qualité, sur des marchés de niche".
Outre le golf ou la plongée, la voile entre parfaitement dans cette stratégie et dispose à Phuket de structures presque sans équivalent en Asie. "L'île dispose de 5 marinas et de 800 anneaux au total et surtout de près de 200 entreprises spécialisées", explique Andy Dowden, créateur du Phuket International Marine Expo (Pimex), un salon nautique dont la 5e édition vient de se tenir du 6 au 9 décembre à la Royal Phuket Marina.
Britannique arrivé sur l'île il y a plus de 20 ans sur son bateau pour se lancer dans la location de voiliers, M. Dowden a vu la Thaïlande devenir "le premier marché du nautisme en Asie, dépassant désormais Singapour".
Les autorités thaïlandaises ont bien compris le bénéfice à en tirer en "supprimant les taxes sur les voiliers importés", souligne encore M. Dowden. Résultat, Phuket compte une quinzaine de compagnies de "charters" (loueurs de voiliers), disposant d'une flotte totale d'environ 150 bateaux.
Avec certains des "plus beaux mouillages au monde et des conditions de navigation optimales", Phuket "possède tous les atouts pour profiter du tourisme nautique, à forte valeur ajoutée et durable", assure M. Dowden.
Les équipages qui viennent de participer, comme chaque année depuis 1987 à la King's Cup, plus prestigieuse régate en Asie, ne sauront le contredire. Durant une semaine, jusqu'à samedi, 103 voiliers, contre une vingtaine seulement lors de la première édition, se sont mesurés dans la mer d'Andaman, au large de Kata Beach, au sud-ouest de l'île.
A raison d'une vingtaine de personnes, navigants ou préparateurs par équipe, ce sont près de 2.000 personnes que la King's Cup attire, et qui dépensent "environ 10 millions de dollars", explique Rob Kothe, rédacteur en chef de Sail-World.com, site australien spécialisé dans la voile.
"La King's Cup n'a aucun problème pour trouver de gros sponsors, promoteurs immobiliers ou groupes hôteliers qui trouvent dans les équipages leurs clients potentiels et dans la course un excellent vecteur de communication", ajoute M. Kothe.
Car derrière la voile et le tourisme haut de gamme se profile également le développement de programmes immobiliers de luxe, intégrant des marinas, et vendus le plus souvent à Hong Kong ou en Australie.
Avant le développement à Phuket d'un Centre de conférences internationales, dont l'idée, un temps évoquée puis oubliée, a été relancée récemment par le ministre du Tourisme. Les "routards" qui reviendraient à Phuket risquent bien de ne plus la reconnaître.
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