L'hôpital au soleil: c'est la formule adoptée par des milliers de touristes européens qui profitent d'un séjour dans le sud de l'Espagne pour se faire soigner ou opérer gratuitement, aux frais des autorités sanitaires locales.
Ils sont de tous âges, bien que principalement retraités. Les interventions les plus fréquentes sont les poses de prothèses de hanche et les pontages coronariens, assure-t-on àla Confédération des syndicats médicaux (CESM) de la région de Valence (est), l'une des plus affectées par ce phénomène.
En majorité Britanniques, Allemands ou Belges, ils profitent de la réglementation européenne qui permet aux citoyens membres d'être soignés dans tout pays de l'UE.
Pourquoi cet engouement pour le système sanitaire espagnol? "Ici tout est plus facile, l'assistance sanitaire est universelle, gratuite et égale pour tout le monde," explique Manuel Cervera, numéro deux du département de la Santé du gouvernement régional de Valence.
"Dans certains pays du nord de l'Europe, les patients doivent parfois attendre des mois avant de figurer sur les listes d'attentes pour des soins, ici la moyenne est de 45 jours d'attente pour une opération courante", souligne-t-il.
Et les prothèses "sont parfois payantes chez eux alors qu'ici elles sont gratuites", insiste M. Cervera.
La législation européenne soumet pourtant en principe ce genre de traitements ou interventions chirurgicales àl'étranger, liés àune pathologie déjàdiagnostiquée, àune autorisation des autorités sanitaires du pays d'origine.
Pour contourner cette règle "ils profitent par exemple d'une crise aiguë d'une pathologie dont ils souffrent depuis longtemps pour se présenter aux urgences, où on les examine et les opère si nécessaire", affirme le docteur Ricardo Llevata, porte-parole du CESM de Valence.
"Le tourisme sanitaire se camoufle derrière le tourisme habituel", explique-t-il. "Beaucoup de gens disent qu'ils viennent en vacances alors qu'en réalité ils viennent se faire soigner".
A l'hôpital de Benidorm-Villajoyosa, le "tourisme sanitaire" est un sujet tabou. A l'entrée, Beth Wilson, Anglaise de 65 ans, reconnaît que le service est "plus rapide en Espagne". Pour une opération des varices, "elle a obtenu un rendez-vous en quelques mois alors qu'en Angleterre on aurait attendu des années", assure son mari, Keith.
Face àl'ampleur du phénomène àValence et dans d'autres régions touristiques du sud du pays comme l'Andalousie ou les Baléares, les autorités régionales et les médecins dénoncent le manque de moyens financiers et humains.
En 2006, "125.000 touristes étrangers ont été pris en charge par le système de santé de la région de Valence", selon M. Cervera, pour un coût total de 88 millions d'euros. Or les fonds de cohésion versés par l'Etat aux régions autonomes pour l'assistance aux touristes étrangers --la gestion des affaires sanitaires étant décentralisée en Espagne--, "ne se sont élevés qu'à4 millions d'euros" àValence.
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