LE MONDE | 09.03.07 |
Tandis que Berlin accueille le Salon international du tourisme, experts et politiques allemands ne savent plus quoi inventer pour lutter contre le réchauffement de la planète. Dernière idée en date : inciter la population àrenoncer aux voyages lointains pour limiter les émissions de CO2. "Celui qui veut faire quelque chose pour la protection du climat devrait éviter les voyages en avion et partir en vacances en Allemagne", déclarait récemment Manfred Stock de l'institut de recherches climatiques de Potsdam.
"Celui qui part en Asie du Sud en avion doit savoir qu'il produit plus de 6 tonnes de dioxyde de carbone", renchérissait Andreas Troge, président de l'institut fédéral de l'environnement. En comparaison, un aller-retour en train entre Berlin et une cité de la mer Baltique génère seulement 35 kg d'émissions de CO2.
Reprenant ces arguments, plusieurs représentants politiques en ont profité pour vanter àleurs concitoyens la beauté des paysages allemands. "Il y a de nombreuses régions magnifiques en Allemagne qui valent le coup d'être découvertes", a souligné Renate Künast, la présidente de la fraction parlementaire du parti vert dans la Berliner Zeitung. Le chargé de mission du gouvernement pour le tourisme, Ernst Hinsken (CSU), a exhorté les Allemands "àpasser de temps en temps leurs vacances dans leur propre pays" pour contribuer àla protection du climat.
Si toutefois le voyage en avion se révèle inévitable, le ministre de l'environnement, Sigmar Gabriel (SPD), et Mme Künast proposent aux voyageurs de s'acquitter d'une taxe facultative àl'image de ce que propose la société Atmosfair depuis 2004. Pour compenser les émissions de CO2 générées par un voyage en avion, les touristes peuvent verser un supplément calculé par le site d'Atmosfair, qui financera des projets en faveur de l'environnement.
La compagnie aérienne allemande Lufthansa, qui a annoncé jeudi 8 mars un bénéfice d'exploitation de 845 millions d'euros en 2006, réfléchit àl'introduction d'un mécanisme similaire pour l'ensemble de ses destinations et s'est mise àla recherche de partenaires. "C'est une mesure de communication avec laquelle Lufthansa espère éviter une taxe sur le kérosène et un système de certificats d'émissions de CO2", a critiqué Karsten Smid, de Greenpeace.
Face àces multiples propositions, le commissaire européen àl'industrie, Günter Verheugen, a mis en garde contre un "activisme hystérique". Le ministre fédéral de l'économie, Michael Glos (CSU), a déclaré lors de l'ouverture du Salon du tourisme àBerlin qu'il y avait "d'autres possibilités" pour lutter contre le changement climatique, soulignant que le trafic aérien ne contribuait que pour un peu plus de 2 % àla quantité de dioxyde de carbone produite en Allemagne. |