Courrier du Vietnam 09-03-07
Dans une boutique quelconque de Hô Chi Minh ville, une touriste américaine passe perplexe le pas de la porte. Elle se fait immédiatement accueillir dans un anglais irréprochable. Quelques instants plus tard, une Japonaise recevra le même traitement. Voilà des affaires qui démarrent sous les meilleurs auspices.
Pham Ngu Lao, Dê Tham et Bùi Viên sont 3 rues un peu spéciales dans la mégapole, du fait que la majorité de leurs clients sont étrangers. Ici, les agences de voyage, restaurants et magasins de souvenir sont légions et cohabitent sur le même trottoir. Près de 95% des vendeurs sont des femmes, en général charmantes et pouvant parler au moins une langue étrangère, l’anglais. Celles qui en connaissent une deuxième reçoivent un plus haut salaire. Nguyên N, patron d'un magasin de produits artisanaux sur la rue Pham Ngu Lao, explique : "Les vendeurs doivent parler les langues étrangères. Certains pensent qu'elles ne sont pas nécessaires car le prix est déjà indiqué sur les objets mais je ne suis pas d'accord. Les clients ne veulent pas acheter dans des boutiques sans paroles. Et qui leur présentera l'originalité, le charme, l'histoire de tel ou tel article ?". Partageant son avis, Lan, une vendeuse, renchérit: "Il est fréquent que les clients cherchent à se renseigner sur la culture vietnamienne. Ils ne marchandent pas mais veulent savoir que faire d'un produit et si les Vietnamiens l'utilisent dans la vie quotidienne. Si j'arrive à bien leur expliquer, alors ils comprendront la signification d'un objet et ce qu'il représente dans notre culture. Ils seront d'autant plus enclins à l'acheter et une fois de retour chez eux à le présenter à leur entourage". La plupart des vendeuses apprennent ici à travailler et lisent des livres sur la culture de leur pays pour en discuter avec les clients et expliquer les malentendus. Hông, une vendeuse, affirme : "C'est intéressant car nous pouvons apprendre beaucoup de notre client. Il y a des personnes qui achètent des produits vietnamiens en les comparant avec ceux de chez eux. Ils donnent des remarques très franches sur les points forts et faibles des produits. Il faudrait que les producteurs puissent les rencontrer pour en retirer des expériences et perfectionner leurs articles".
Le matin, les boutiques apparaissent un peu plus vides. En effet, c'est le moment pour les employés d'apprendre les langues étrangères. Huyên, vendeuse dans un magasin de vêtements en soie, raconte : "Au début, je travaillais le jour et j'apprenais l'anglais le soir. Maintenant que j'ai terminé mes cours d'anglais, je continue à travailler le soirâ€. Elle ajoute que le matin, au lieu de faire la grasse matinée, elle se lève de bonne heure pour suivre sur Internet les informations en anglais. Beaucoup de ses clients sont surpris et intéressés quand elle les commente avec eux.
Khanh a sa propre méthode. Elle apprend dans les livres et pratique en parlant avec les clients. "Je parle spontanément, pourvu que les clients puissent comprendre. Si je commets une faute, ils la corrigent pour moi. Quand il y a des mots difficiles à prononcer, je leur demande, ce qu'ils font de bon cœur". |