Le Matin.ma - 28 févr.
La stratégie nationale relative aux aires protégées et au tourisme rural est basée sur une approche de trois volets : la restauration des milieux altérés, l'aménagement de ces aires et la valorisation et la commercialisation du produit éco-touristique, a affirmé le Haut commissaire aux Eaux et Forêts et àla Lutte contre la désertification (HCEFLCD), Abdeladim El Hafi.
Dans un entretien accordé àl'agence MAP, en marge de l'atelier international sur "Le tourisme durable dans les aires protégées", ouvert lundi 26/2 àAgadir, M.El Hafi a indiqué que son département ambitionne de transformer ces espaces naturels en vecteurs de développement local et régional durable.
Le circuit touristique baptisé "découverte de la faune saharienne", inauguré lundi 26/2 àl'intérieur du parc national Souss-Massa, est le premier du genre au niveau national, a-t-il fait observer, soulignant que c'est la première fois que le haut commissariat entame la phase de commercialisation du produit d'un parc national.
Abordant les réalisations du département en la matière, M. El Hafi a souligné que le HCEFLCD a identifié, depuis l'élaboration du plan directeur des aires protégées en 1996, quelque 154 sites d'intérêt biologique et écologique (Sibe) et renforcé le réseau national des aires protégées qui compte, aujourd'hui, neuf parcs répartis sur différentes régions du Royaume (Toubkal, Tazekka, Souss-Massa, Iriki, Al-Houceima, Ifrane, Haut Atlas oriental, Talassemente et Khnifis).
Outre le réseau des parcs nationaux, a-t-il poursuivi, le Haut commissariat a opté pour la création de trois réserves de biosphère àsavoir : la réserve de biosphère de l'arganeraie (RBA), la réserve de biosphère des oasis du sud du Maroc (RBOSM) et la réserve intercontinentale de la Méditerranée (RBIM). Une quatrième réserve dite réserve de biosphère de la cédraie est en cours de réalisation dans le Moyen Atlas, a-t-il dit.
ET d'ajouter que la RBIM réalisée sur une étendue de 1.000.000 ha est unique en son genre au monde puisqu'elle liera deux continents, l'Afrique et l'Europe àtravers une zone maritime, soulignant que les nombreuses similitudes géographiques, climatiques et culturelles entre les deux régions sud d'Espagne et nord du Maroc ont été àl'origine de l'idée du projet, approuvée par l'Unesco.
L'objectif est de mettre en commun les compétences et les moyens des deux parties marocaine et espagnole pour mieux veiller aux écosystèmes et profiter des possibilités qu'offre la richesse naturelle des deux pays, qui partagent les mêmes problématiques en la matière, selon le haut commissaire aux eaux et forêts et àla lutte contre la désertification.
Interrogé sur le projet de la réserve de biosphère de la cédraie, qui sera créée au Moyen Atlas, M. El Hafi a affirmé que le potentiel énorme de cédraie du Maroc a amené son département àmener une réflexion sur la possibilité de créer un véritable pôle de conservation de cette essence emblématique de l'Atlas qui regroupera le parc d'Ifran, le parc naturel de khénifra (en construction), celui du Haut Atlas (130.000 ha) ainsi que les espaces avoisinants.
Le HCEFLCD ambitionne de proclamer l'écosystème "cédraie de l'Atlas" patrimoine mondial eu égard au rôle majeur que joue cette plante dans la régulation du cycle de l'eau, a expliqué le Haut commissaire, relevant que le Moyen Atlas renferme 47% des ressources en eau d'où l'importance des efforts consentis pour valoriser le cèdre.
De par la richesse de son patrimoine écologique, le Maroc occupe la deuxième place au niveau de la Méditerranée, après la Turquie, en matière de biodiversité. Cette richesse est àl'origine de la diversité du paysage et des milieux naturels de qualité qu'il recèle. En effet, la quarantaine d'écosystèmes terrestres identifiés abrite plus de 4.000 plantes, près de 550 espèces de vertébrés et des milliers d'invertébrés.
Toutefois, les ressources naturelles demeurent, selon les responsables du HCEFLCD, "fragiles et insuffisamment protégées" àtel point que le tiers des écosystèmes est "très dégradé", le quart de la flore vasculaire (plante supérieure) est en danger et 10% des vertébrés sont "sérieusement menacés".
Conscient de l'ampleur du problème, le Royaume s'est engagé depuis la ratification de la convention sur la diversité biologique (1996) àmettre en place un réseau national d'aires protégées.
Pour ce faire, le pays a procédé àla refonte du cadre législatif relatif aux aires protégées àtravers l'élaboration d'une loi en la matière, qui sera présentée prochainement au Conseil du gouvernement, indique-t-on.
La nouvelle loi porte notamment sur la définition de cinq catégories d'aires protégées, le zonage des aires, la reconnaissance des droits d'usage des populations riveraines et la possibilité de délégation, totale ou partielle, de la gestion des ces espaces naturels.
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