Le ministre algérien du tourisme à« Tourisme Islamique » :
« le tourisme et l’agriculture sont nos alternatives de développement »
Alger – Mounir El Fishawy
Notre rencontre avec M. Nour-eddine Moussa, ministre du tourisme algérien fut arrangée aisément, malgré ses nombreuses occupations depuis sa nomination àce poste, il y a près d’un an. Lorsqu’il nous reçut, tout en feuilletant certains numéros du magazine Tourisme Islamique, il nous expliqua les raisons de son acceptation immédiate de nous accorder cette interview en disant : « Nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez au tourisme en Algérie et pour les aspects relatifs aux fondements du tourisme en Algérie que vous avez mis en exergue dans les numéros de votre magazine. Nous avons beaucoup d’estime pour le rôle médiatique majeur que vous jouez, ainsi que pour les louables efforts que vous déployez en ce sens. »
Après ces louanges de la plus haute autorité du tourisme en Algérie, nous avons entamé l’interview :
· Quel a été le parcours en matière touristique de l’Algérie depuis l’indépendance en 1962 ànos jours ?
- Depuis l’indépendance et jusqu’àla fin des années soixante du siècle dernier, l’Algérie est passée par une période de restructuration en tant qu’Etat indépendant et souverain. Durant les années soixante-dix, l’Algérie était sur le plan touristique àl’avant-garde. Notre pays était très connu des Européens par le biais des agences de voyage. La plupart des investissements étaient alors publiques. Les principales réalisations touristiques et hôtelières en témoignent encore de nos jours. Puis, au milieu des années quatre-vingt, l’Algérie a été confrontée àdes problèmes économiques qui ont affecté son activité touristique ; et qui sera suivi de la décennie noire qui a affaibli l’écho touristique du pays. Après la réconciliation nationale, en 1999 plus exactement, des lois et des programmes de développement économique ont été élaborés et un intérêt particulier a été réservé àla culture et àla restauration du patrimoine. Ce qui a eu des retombées positives sur le tourisme.
· Mais, est-ce que les recettes touristiques sont parmi les principales composantes du revenu national algérien ?
- Pas encore, toutefois, les divers produits du tourisme algérien, qui sont capables d’attirer grandement les touristes étrangers et arabes, peuvent dans un avenir proche et grâce àDieu atteindre l’objectif que nous visons, àsavoir permettre àcet important secteur de contribuer àl’augmentation du revenu national algérien, sachant que nous avons maintenant établi une stratégie décennale àl’horizon 2015.
· Quels sont les principaux traits de cette stratégie ?
- Cette stratégie est articulée sur quatre principaux axes : le premier axe concerne le rattrapage du retard en matière d’infrastructure liée directement au secteur du tourisme. Le second a trait àl’amélioration du niveau des services. La formation et la qualification des cadres touristiques sont l’objet du troisième axe. Quant au quatrième axe, il porte sur la promotion médiatique et commerciale de la destination touristique de l’Algérie au niveau international.
· Quels sont les moyens sur lesquels vous comptez pour promouvoir le tourisme algérien ?
- La participation aux principaux salons et manifestations du tourisme et voyage àtravers le monde, en mettant l’accent sur les pays émetteurs de touristes, notamment ceux intéressés par l’Algérie. Cela, outre l’organisation de voyages pour les journalistes et différents médias arabes et internationaux, du Salon du tourisme et voyage d’Alger et d’autres festivals du tourisme international dans différentes wilayas du pays.
· Quels sont les principaux marchés que vous ciblez dans votre promotion du tourisme algérien ?
- Nous mettons l’accent actuellement sur les marchés traditionnels, et en premier lieu l’Europe, en raison des nombreux facteurs communs qu’elle partage avec nous, la géographie, la langue, la proximité et le climat.
· Quels sont les principaux produits et modes touristiques que vous visez ?
- L’Algérie dispose de plusieurs types de tourisme. Le tourisme de montagne dans les vastes sommets et vallées de l’Aurès. Le tourisme balnéaire sur 1200 km de plages en Méditerranée. Le tourisme des lieux saints islamiques dans toutes les wilayas du pays, àleur tête la mosquée Oqba Ibnou Nafii El Fihri, et la zaouïa Tijaniya qui compte près de 300 millions d’adeptes en Afrique et ailleurs. Il y a aussi le tourisme de thalassothérapie, puisque l’Algérie dispose de plus de 200 sources d’eau minérale très réputées pour les nationaux. Et enfin, le tourisme saharien.
· Est-ce que vous considérez que les dispositions relatives au change de devises en vigueur actuellement sont àmême d’inciter les investissements arabes et internationaux en Algérie ?
- Evidemment. L’Algérie a pris de nombreuses dispositions incitatives en matière d’investissement, dont le Code des investissements (2001) qui garantit toute la sécurité aux investisseurs. Nous avons aussi le Conseil national de l’investissement qui supervise toutes opérations monétaires et contractuelles et étudie les dossiers des projets importants. Et l’Etat a pour devise actuellement : « Nos alternatives de développement sont le tourisme et l’agriculture ».
· Où en sont les méthodes d’enseignement et de qualification relatives au tourisme et àl’hôtellerie ?
- Nous avons développé et revu l’enseignement et la qualification touristiques ainsi que les études relatives àl’artisanat, l’hôtellerie et la restauration. Nous sommes actuellement en discussion avec les universités algériennes en vue de créer des facultés et des départements pour la gestion hôtelière et l’ingénierie touristique…
· Quel est le rôle du secteur privé dans l’activité touristique ?
- Le tourisme est actuellement privé dans sa majeure partie. Même les unités appartenant encore àl’Etat sont en voie de privatisation. L’Etat se consacrera désormais àdes missions d’organisation, de promotion, de supervision et de contrôle.
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