Le Monde – 29/4/2006
L'épidémie de chikungunya est bien àl'origine d'une surmortalité sur l'île de la Réunion. C'est la conclusion àlaquelle l'Institut de veille sanitaire (INVS) et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sont parvenues, àl'issue de travaux rendus publics vendredi 28 avril. Pour les trois premiers mois de l'année 2006, on dénombre 201 décès supplémentaires par rapport àla mortalité habituelle àcette période de l'année. En janvier et février 2006, un total de 125 certificats de décès mentionnent l'infection par le virus du chikungunya àla Réunion.
L'épidémie de chikungunya, qui sévit dans l'océan Indien depuis mars 2005, aurait touché, àce jour, 248 000 personnes àla Réunion. Sur demande du ministère de la santé, l'INVS a comparé la mortalité observée en 2005 et 2006 sur l'île àcelle des trois années précédentes. Parallèlement, l'INVS a demandé au Centre d'épidémiologie des causes médicales de décès (Cépidc) de l'Inserm, dirigé par Eric Jougla, d'analyser les certificats de décès enregistrés sur l'île de décembre 2005 àfévrier 2006 inclus, ce qui correspond àla période de plus forte intensité de l'épidémie.
Les travaux de l'INVS ne mettent pas en évidence un plus grand nombre de décès qu'àl'accoutumée pour l'ensemble de l'année 2005. En revanche, une surmortalité apparaît en 2006 pour les mois de janvier (+25 décès, soit +7,1 %), février (+100, soit +34,4 %) et mars (+76, soit +25,2 %). "Ces résultats sont confirmés par l'analyse des données hebdomadaires de mortalité faisant apparaître une surmortalité significative et constante du 23 janvier au 18 mars", indiquent l'INVS et l'Inserm. Pour ces organismes, "il est donc hautement probable que l'excès de mortalité observé àpartir du 23 janvier soit lié au chikungunya, dans la mesure où celui-ci est concomitant de la progression rapide de l'épidémie (les 46 000 cas pour la semaine du 6 au 12 février)."
L'analyse des certificats de décès par l'équipe d'Eric Jougla vient conforter ces résultats. A la Réunion, 125 certificats comportent la mention du chikungunya, "dont un peu plus de la moitié en cause initiale de décès", pour les mois de janvier et février 2006. Aucun certificat établi au mois de décembre ne donnait cette indication. M. Jougla précise que "c'est àpartir du mois de février que l'on constate une surmortalité importante touchant les hommes comme les femmes". Plus de deux décès sur trois concernent des personnes âgées de plus de 65 ans, et un sur quatre des personnes de plus de 85 ans, sans distinction de sexe. |