KATMANDOU (AFP) 7/2/2006
L'insurrection maoïste et la crise politique ouverte il y a un an par le coup de force du roi Gyanendra ont envoyé l'économie népalaise àterre et dissuadé les touristes, première source de devises, s'inquiètent les professionnels du secteur.
"50% des réservations ont été annulées pour février. Cela risque d'être le pire mois depuis 5 ans", souligne Narendra Bajracharya, président de l'association des hôtels du Népal. "Les trois derniers mois n'étaient pas mauvais mais cela s'est dégradé depuis janvier", a-t-il indiqué àl'AFP.
Plus de 120 personnes - rebelles, civils et militaires - ont péri depuis le 2 janvier lorsque les maoïstes ont rompu leur cessez-le-feu de quatre mois.
Les violences ont redoublé àl'approche du scrutin controversé du 8 février boudé par l'opposition et perturbé par les rebelles qui ont assassiné deux candidats et multiplié les attentats.
"Une période très difficile s'ouvre pour le tourisme. La fin du cessez-le-feu est une mauvaise nouvelle pour nous tous", déplore Sagar Pandey gérant d'une société de trekking. "Les affrontements vont vraisemblablement augmenter, ce qui dissuadera les touristes", regrette-t-il.
En 2005, le petit royaume himalayen a enregistré une chute de 3,9% du nombre de touristes étrangers (277.129) par rapport à2004 (288.356), selon les chiffres du gouvernement.
Terre promise des hippies àpartir de la fin des années 60, le Népal avait pourtant su convertir la fascination qu'il exerce en monnaie sonnante.
La manne touristique lui a encore rapporté 180 millions de dollars en 2005. Le secteur emploie aujourd'hui 300.000 personnes et en fait vivre indirectemment 3 millions, selon Narendra Bajracharya.
Si des touristes sont parfois rackettés, aucun n'a été jusqu'àprésent la cible d'attaques. Selon Tek Bahadur Dangi, directeur général de l'Office du tourisme népalais, les visiteurs n'ont rien àcraindre: "malgré les problèmes au Népal, les touristes sont en sécurité ici", assure-t-il.
Cette absence d'embellie touristique àcourt terme risque de peser lourd sur l'économie du pays, où près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Le Népal, qui jouissait d'un taux de croissance de 4,9% dans les années 90, est retombé àune moyenne de 1,9% entre 2002 et 2004, selon la Banque asiatique de développement (BAD). "Si le conflit perdure, il y aura beaucoup plus de pertes au niveau social et économique", a récemment averti Sultan Hafeez Rahman, le directeur de BAD pour le Népal.
Selon lui, la seule issue économique passe par le rétablissement d'un dialogue de paix entre les parties pour restaurer la confiance des investisseurs.
Dans cette hypothèse, et selon les projections de la BAD, l'activité économique pourrait alors atteindre "dans un court laps de temps un taux de croissance de 6% ou plus et, si les autorités font preuve de sérieux, le Népal fera aussi bien que n'importe quel pays d'Asie du Sud-Est d'ici une quinzaine d'années".
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