MKG Consulting 20 /1/06 - Selon le baromètre MKG Consulting, en dépit des attentats de Londres, le Royaume-Uni enregistre une augmentation des performances tirée par le dynamisme des prix. En attendant la Coupe du Monde, l'Allemagne voit ses résultats progresser très légèrement. La très forte croissance de l'offre continue de peser sur les résultats hôteliers en Espagne. La France tire largement son épingle du jeu avec une forte progression de la clientèle individuelle Affaires qui compense la baisse de la clientèle Loisirs et la quasi-stagnation de la clientèle Séminaires.
Selon les chiffres MKG Consulting, l'année 2005 se révèle positive dans la plupart des grands pays européens avec des indicateurs de performance en général orientés àla hausse. Pourtant le contexte de cette année 2005 n'a pas toujours été des plus favorables. La croissance économique est modérée, l'organisation d'élections en Allemagne a pu engendrer l'attentisme des acteurs économiques, Londres a été frappée par les attentats.
Toutefois, la situation s'améliore et le point bas du dernier cycle hôtelier, en 2003, s'éloigne. On constate, en particulier, une augmentation des volumes de la clientèle individuelle Affaires qui a un impact largement positif sur les prix moyens et les revenus (la clientèle Séminaires reste quasiment stable). Ce sont donc dans un premier temps les destinations du nord de l'Europe, positionnées sur ces segments de marché en prise directe avec l'activité économique, qui affichent les meilleures performances.
Une autre tendance encourageante qui se dégage de l'exercice qui s'achève provient des clientèles long courrier, américaine et japonaise en particulier, dont le vitalité retrouvée a également soutenu l'activité des hôteliers européens.
L'année 2005 aurait pu être beaucoup plus difficile pour l'hôtellerie britannique. D'abord, le ralentissement de la croissance économique a été fort, ramenant le pays dans le rang de l'Union européenne. Ensuite, bien évidemment, les attentats de Londres n'ont pas été sans répercussion sur le secteur hôtelier.
Les taux d'occupation de la capitale britannique ont affiché des reculs particulièrement importants après le mois de juillet, (-9 points en août par exemple). Sur l'ensemble de l'année, les revenus des hôtels londoniens connaissent toutefois une évolution positive de 2,0%. En de telles circonstances, il s'agit d'un très bon résultat qui traduit le dynamisme de la destination. Avec des taux d'occupation toujours très élevés, bien qu'en recul, les hôteliers londoniens n'ont pas cédé àla panique et ont maintenu les prix sur une tendance orientée àla hausse.
Birmingham ou Manchester n'ont pas connu les mêmes difficultés liées aux attentats et affichent des situations contrastées. A Manchester, la progression des prix moyens, associée àdes niveaux très élevés de taux d'occupation, est révélatrice d'un marché hôtelier particulièrement « tendu » où la progression des revenus devrait atteindre près de 6,0% en 2005. En revanche, Birmingham se caractérise par une situation moins florissante. Les taux d'occupation stagnent àdes niveaux globalement moins élevés et les prix moyens ne progressent quasiment pas. L'exercice 2005 devrait s'achever par une stagnation du revenu par chambre construite. Les capacités d'offre paraissent importantes au regard d'une demande moins énergique.
L'Allemagne va terminer l'année 2005 en enregistrant une croissance des revenus de près de 2% grâce àl'augmentation des taux d'occupation. Ceux-ci sont en effet attendus en progression de 1,4 point par rapport àl'exercice précédent. Toutefois, les niveaux moyens de remplissage des hôtels allemands demeurent parmi les plus faibles en Europe, autour de 62,2%, en raison notamment d'une forte croissance de l'offre enregistrée ces dernières années. Les difficultés de remplissage des établissements expliquent la stagnation des prix.
Derrière ce tableau général, il faut constater que les situations sont très variables d'une destination àl'autre. Ainsi, Düsseldorf n'a pas bénéficié cette année du surplus d'activité générée par ses salons phares, la K Messe et la Drupa et enregistre un repli du revenu àdeux chiffres. A l'inverse, Cologne ou Hanovre figurent parmi les destinations les plus dynamiques grâce àdes rebonds significatifs des taux d'occupation.
Le secteur hôtelier allemand, qui a révélé lors des exercices précédents une très grande aptitude àbénéficier du moindre événement par des hausses très importantes des prix moyens, va connaître, avec l'organisation de la Coupe du Monde de football en juin et juillet 2006, un contexte plus favorable, devant permettre de conforter la croissance des revenus.
En 2005, l'Espagne est un des seuls pays européens àenregistrer un repli du revenu par chambre disponible. Les taux d'occupation et les prix moyens sont orientés négativement. Cependant, l'année 2005 se révèle de bien meilleure facture que l'exercice 2004 au cours duquel les revenus avaient accusé un recul de 7,3%.
Le repli des indicateurs de performance est àmettre sur le compte d'un fort développement de l'offre, en raison de l'extension ces dernières années des réseaux nationaux et de l'implantation des groupes internationaux. D'abord, les unités nouvellement ouvertes enregistrent dans les premiers mois de leur activité des taux d'occupation en général plus faibles et mettent donc en place des politiques tarifaires agressives afin de gagner des parts de marché. Ensuite, après s'être prioritairement implanté dans les emplacements les plus avantageux, les réseaux s'étendent avec des ouvertures dans des destinations secondaires où les performances sont moins élevées.
La moyenne globale est ainsi tirée vers le bas. C'est alors l'évolution de la répartition géographique du parc hôtelier qui explique le recul des indicateurs sans qu'il soit nécessaire d'envisager une baisse généralisée àtous les établissements. Ces phénomènes expliquent grandement l'orientation négative des indicateurs en Espagne alors que les évolutions àparc constant sont positives dans les grandes destinations espagnoles.
En France, la reprise a été initiée dès le début de l'année, mais cette croissance s'est ensuite accélérée sur le second semestre. Notamment, après deux saisons estivales 2004 et 2003 décevantes, 2005 a confirmé une bonne saison, pour la Côte d'Azur en particulier. De plus, le mois de novembre a été excellent en enregistrant la plus forte hausse mensuelle de revenus depuis 5 ans (+11,3%). A Paris, l'activité hôtelière y a été dynamisée par Batimat 2005, le salon international de la Construction.
En dépit d'une couverture médiatique internationale alarmiste sur les événements survenus dans les banlieues françaises courant novembre, le mois de décembre se révèle assez satisfaisant. Alors qu'on aurait en effet pu craindre le pire pour la destination « Paris » en cette fin d'année, les premiers résultats pour le mois de décembre font apparaître des indicateurs de performances très stables par rapport àl'année dernière.
Dans un contexte d'évènements conjoncturels défavorables (grippe aviaire, rejet du traité constitutionnel européen en France, échec de la candidature de Paris aux JO, émeutes dans les banlieues), 2005 confirme une nouvelle fois la solidité de l'hôtellerie française dont le revenus n'a baissé qu'une fois depuis 1997 (-2,4% en 2003).
Dans le cycle hôtelier, on observe en général un décalage d'environ deux années entre la dynamique du segment Affaires et celle de la clientèle Loisirs. En effet, l'amélioration des conditions économiques n'impacte généralement pas immédiatement la consommation des ménages. Les prévisions en ce domaine sont d'ailleurs encore prudentes pour 2006 dans les grands pays européens. Les conjoncturistes envisagent certes une croissance du PIB plus soutenue qu'en 2005, mais encore tirée par les évolutions de la demande mondiale.
L'exercice qui démarre devrait ainsi confirmer l'amélioration des performances hôtelières en Europe en dépit des risques d'appréciation de l'Euro vis-à-vis du Dollar, des hausses du prix du pétrole ou de l'incertitude liée àla grippe aviaire. Cette amélioration, soutenue dans un premier temps par la croissance de l'activité Individuels Affaires, devrait s'accentuer dans les mois àvenir, àmesure que la reprise économique confortera la confiance des ménages et renforcera les perspectives sur le segment de la clientèle Loisirs.
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