Le matin : 02.09.2008
Environ trois millions de pèlerins sont attendus cette année dans les Lieux Saints pour accomplir le rite Omra pendant le mois du Ramadan. Les Marocains ne sont pas en reste. Depuis quelques années, l'engouement des voyages dit religieux est devenu remarquable.
Un engouement tel que, désormais, toutes les agences de voyages du Royaume réservent une importance particulière aux formules des voyages dits religieux et s'ingénient chaque année à fidéliser les clients.
Pour certains professionnels du secteur, la Omra permet de réaliser un bon chiffre d'affaires. Pour d'autres, elle constitue la seule source de gains, puisque leur activité se limite, au mieux, à la billetterie durant le reste de l'année.
Durant cette période, quelques agences de voyages leaders se taillent la part du lion en attirant des centaines de clients. «Nous avons essayé de nous préparer à l'avance cette saison puisque la commercialisation des produits de l'été devait se faire quelques semaines seulement avant ceux de la Omra. Ainsi, nous avons adopté une approche plus ciblée en utilisant le mailing pour toucher les clients habitués des voyages religieux dès le mois de juin», affirme Jamal Alami, responsable du pôle des voyages religieux à Atlas Voyage.
La Omra est répertoriée dans la catégorie du tourisme religieux libéral. Autrement dit, l'Etat n'intervient pas directement dans l'organisation des séjours la concernant comme c'est le cas pour le «Haj». Seul bémol cette année pour les voyagistes: le quota. En effet, les autorités saoudiennes ont adopté exceptionnellement le système du quota pour définir préalablement le nombre des pèlerins pour chaque pays. Selon les professionnels, les responsables saoudiens ont pris cette décision pour des raisons liées à la capacité d'hébergement à La Mecque et Médine. En effet, la Omra du mois de Ramadan attirent des millions de fidèles ces dernières années. Ainsi, le nombre total des visas octroyés par l'ambassade de l'Arabie Saoudite au Maroc ne devrait pas dépassé les 25.000 cette année.
La concurrence a été donc plus rude cette saison entre les agences de voyages, notamment à Casablanca, pour attirer un maximum de clients. Les tarifs, qui sont un des éléments essentiels pour le positionnement d'une agence par rapport à la concurrence, sont fixés en fonction de la période du séjour, du billet d'avion dont le prix change d'une compagnie aérienne à l'autre mais surtout de la disponibilité ou non du logement. «Généralement, il existe trois produits. D'abord, la ‘'formule économique'' dont le prix oscille entre 10.000 et 20.500 DH avec une durée de séjour de quarante jours. Ensuite, nous avons la ‘'formule confort'' qui coûte plus de 30.000 DH pour un séjour de 28 jours. Enfin, la ‘'formule luxe'' dont le prix s'élève à 62.000 DH et qui comprend le transport en limousine et un séjour de deux semaines dans un hôtel 5 étoiles», explique J. Alami.
Parmi les facteurs qui conditionnent la tarification des produits Omra, deux sont particulièrement déterminants. D'abord, les billets d'avion. Certaines agences choisissent des compagnies de transport aérien étrangères, notamment celles du Golfe pour le transport des pèlerins, qui affichent des tarifs moins chers par rapport à la RAM. Cette dernière offre un avantage car elle propose des vols directs Casablanca-Jeddah ou Casablanca-Médine. Les autres transporteurs ne rallient pas directement l'Arabie Saoudite. Autre facteur capital: l'hébergement. «Des chambres dans un hôtel à plusieurs kilomètres du «Masdjid Nabaoui», par exemple, sont moins chères que celles dans un hôtel à quelques mètres du «Haram». C'est là un élément qui se répercute considérablement sur les tarifs proposés par les différentes agences de voyages», explique J. Alami.
De manière classique, l'agence de voyages prend en charge toutes les procédures pour la demande du visa en plus de l'organisation du séjour. Mais l'organisation des voyages, elle, doit se faire en coordination avec des agences saoudiennes. En effet, les voyagistes marocains doivent absolument passer par un tour-opérateur saoudien. Certains professionnels disent que cette mesure pose certains problèmes alors que d'autres affirment que les TO saoudiens leur facilitent la tâche notamment au niveau des réservations dans les hôtels.
Cependant, des problèmes peuvent surgir. Il s'agit dans la majorité des cas de problèmes d'organisation qui concernent souvent l'hébergement. Ces problèmes sont d'autant plus difficiles à gérer puisqu'ils se produisent au cours du séjour en Arabie Saoudite. Le ministère chargé des affaires du «Haj» est chargé de résoudre les problèmes entre les pèlerins et les voyagistes sur le territoire saoudien.
Dès le retour au Maroc, les pèlerins insatisfaits des services d'un voyagiste peuvent faire recours à la délégation du tourisme dans leur ville. Néanmoins, le dépôt d'une plainte auprès de cette délégation se fait rarement car les voyagistes ne préfèrent pas arriver à ce stade. Ils essayent souvent de régler le problème pour éviter d'être inscrits sur la liste noire du ministère du Tourisme et se trouvent ainsi interdits d'organiser des voyages pour les Lieux Saints. Une interdiction peut être fatale pour une agence sachant que certains voyagistes organisent des voyages pour la Omra tout au long de l'année.
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