Tourmag- 19/2/2006
L'épidémie touche aujourd'hui 110 000 personnes àla Réunion. Les cas restent bien moins nombreux aux Seychelles, àMaurice et àMayotte, mais se multiplient de manière néanmoins inquiétante.
Il pleut ces jours-ci sur la Réunion et dans d'autres îles de l'océan Indien. Des conditions normales en cette saison, malheureusement propices àla multiplication du moustique vecteur du chikingunya (l'aedes albopictus). De quoi donner des sueurs froides aux réunionnais (et on ne parlera pas de l'alerte cyclonique), l'épidémie ayant pris des proportions spectaculaires dans l'île : elle touche désormais 110 000 personnes sur une population d'environ 700 000 habitants, selon le dernier bilan de l'Institut national de veille sanitaire (INVS). La situation commence àdevenir également inquiétante dans les autres îles de l'océan Indien. A Mayotte, on est passé en quinze jours de 250 à766 cas suspects d'infection aigue, toujours selon l'INVS. Aux Seychelles, sur environ 80 000 habitants, 3 309 cas ont été déclarés depuis le début de l'année, alors que les autorités en comptabilisaient environ 2 000 il y a une quinzaine de jours. Quid de l'île Maurice ? Les autorités locales s'emploient d'abord àrassurer la population et les touristes potentiels. Xavier-Luc Duval, vice premier ministre et ministre du Tourisme, a de nouveau rappelé hier qu'il n'y avait pas d'épidémie de chikungunya àMaurice ; il a indiqué aussi que la présence du moustique vecteur était limitée par le relief de l'île. Si l'on ne peut en effet parler d'épidémie (celle-ci est déclarée quand au moins 15 % de la population est atteinte), le nombre de cas est tout de même en forte hausse. Le ministère de la Santé ne recensait encore qu'une quinzaine de malades il y a deux semaines, il en comptabilise 244 aujourd'hui. Autre sujet d'inquiétude : des habitants de l'île craignent que les autorités ne minorent l'ampleur du phénomène pour protéger l'industrie du tourisme, premier secteur économique. L'Association des hôteliers et restaurateurs de l'île Maurice (Ahrim) note pour sa part que les établissements ont été nombreux àfaire appel aux sociétés privées spécialisées dans la fumigation de leurs jardins. Cela suffira-t-il àrassurer les clients, sachant qu'ils n'entendent pas tous rester cloîtrés dans l'enceinte de l'hôtel ? Le meilleur argument n'est-il pas finalement la fin de l'été australe d'ici un mois, laquelle devrait normalement se traduire par une diminution du nombre de moustique sur l'île. Les hôteliers mauriciens ne constatent pas par ailleurs d'annulations liées àla maladie. Les voyagistes français demeurent toutefois vigilants. «Sur Maurice et les Seychelles nous restons très en alerte. Nos vendeurs préviennent leurs clients qu'il existe quelques cas, et qu'ils pourront changer de date ou de destination si la situation s'aggrave », souligne Thérèse Battesti, directrice de Voyageurs dans les Iles, qui constate dans le même temps que les ventes de la Réunion sont aujourd'hui nulles. Dans ce concert de nouvelles sur le chikungunya, une note discordante est venue de Madagascar : la grande île pensait être également touchée, notamment àToamasina (Tamatave). L'analyse des prélèvements par l'Institut Pasteur de Lyon vient de montrer qu'il s'agissait de la dengue.
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