Nourredine Es-saoudi
La télévision du mouvement du Hezbollah chiite libanais, Al-Manar, a dénoncé lundi 13 décembre la décision du Conseil d'Etat français de cesser la diffusion de la chaîne, la qualifiant d'"atteinte àla liberté d'expression" et de "dangereux précédent".
Saisi par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) français, le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, a enjoint Eutelsat "de faire cesser, sous 48 heures et àpeine d'une astreinte de 5.000 euros par jour de retard, la diffusion" des émissions d'Al-Manar.
La direction d'Al-Manar a affirmé, dans un communiqué, que la réouverture du dossier de la télévision avait été faite "àl'incitation déclarée d'Israël et àla suite d'une campagne politique organisée par le lobby sioniste en France".
Le dossier d'Al-Manar avait fait l'objet le 19 novembre d'une convention auprès du CSA (autorité de régulation) et la chaîne avait, avant la saisie du Conseil d'Etat, commencé àappliquer les mesures réclamées par le CSA.
La direction d'Al-Manar relève, dans son communiqué, que l'ordonnance du Conseil d'Etat stipule qu'une révision de la décision était possible "àla demande de l'opérateur de satellite Eutelsat ou du CSA".
"Cela place notamment le CSA devant ses responsabilités juridiques, aussi doit-il respecter l'accord conclu tout récemment avec Al-Manar", souligne le texte.
"Le maintien de l'interdiction constitue une atteinte àla liberté d'expression, un déni des principes depuis toujours prônés par la France et un dangereux précédent dans l'attitude de la France àl'égard des médias arabes", ajoute le communiqué.
"Arrêter la diffusion d'Al-Manar et faire taire sa voix se fait sur la base de son rôle dans la diffusion des vérités et des faits liés au conflit arabo-israélien et le fait qu'elle porte la voix de la résistance contre l'occupation", toujours selon le texte.
Les officiels, les partis et les médias libanais avaient déclaré leur soutien àla chaîne du Hezbollah et l'Etat avait décidé de mener une campagne tous azimuts pour empêcher l'interdiction de sa diffusion sur Eutelsat.
Le président du Conseil national de l'audiovisuel libanais (CNA) Abdel Hadi Mahfouz avait menacé les médias français émettant au Liban de mesures réciproques dans le cas où Al-Manar serait interdite en France, , citant nommément Radio-France internationale (RFI) et la chaîne française TV5. |