Paris, la ville vieille de deux mille ans, riche de son patrimoine architectural et civilisationnel unique au monde et d’une renommée internationale, attire des millions de touristes. Les nombreux monuments attestant de l’apport de la civilisation arabo-musulmane qu’elle recèle font d’elle une ville « cosmopolite ».
Paris- Nour-eddine Saoudi
Paris, la capitale française se distingue des autres capitales du monde. C’est « la ville des lumières », « la ville des musées », « la ville des beaux jardins », « la ville des luxueux palais », « la ville de la culture et des arts ». Il n’est pas aisé d’en citer toutes les qualités et tous les aspects.
Si la capitale française est riche en monuments et en héritages historiques d’une splendeur artistique exceptionnelle, tels la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, Notre Dame, le Palais du Luxembourg, la place de la Bastille…, elle se distingue également des capitales occidentales par le fait qu’elle accueille de nombreuses institutions relatives àla civilisation et àla culture arabo-islamique.
On peut en citer, la Mosquée de Paris, qui a été fondée en 1922-26, suivant le style architectural andalous. Cette mosquée dispose d’une esplanade avec un jardin en son centre entouré de pavillons. Au milieu de l’édifice, on trouve un hall inspiré de l’Alhambra, le plus illustre monument islamique de la ville espagnole Grenade. Ce hall est entouré d’arcades avec des ornements raffinés. La salle de prière de cette mosquée attire l’attention du visiteur par ses ornements de haute facture et par la beauté de ses tapis. Au cours des années qui suivirent, Paris a vu , comme les autres villes françaises, l’édification de nombreuses mosquées, dont les plus importantes sont :la mosquée de Omar, la mosquée de Abou Bakr, la mosquée Khaled Ben El Walid, la mosquée El Fateh,, la mosquée turque et la mosquée Addaawa.
Prenant acte du poids grandissant de la communauté arabo-musulmane résidant en France, le gouvernement a décidé de créer une institution appelée àjouer le rôle d’un pont entre le monde arabo-musulman et le monde occidental : l’Institut du Monde Arabe (IMA).
Fruit d’un partenariat entre la France et 22 pays arabes, cette institution a été créée en 1987 par le président Mitterand, qui en a fait l’une des grandes réalisations de son mandat. Depuis son entrée en fonction, l’IMA a œuvré pour l’approfondissement de l’étude et de la compréhension du monde arabe et de sa civilisation de la part des Français. Il a aussi encouragé la coopération, la communication et les échanges culturels entre le monde arabe et la France, notamment dans les domaines de la science et des technologies. Son action a enfin visé le développement des relations entre le monde arabe et la France.
La France, premier pays islamique de l’Europe
Pour atteindre ces buts, l’Institut du Monde Arabe dispose d’un musée comprenant des articles provenant de certains musées nationaux français, tels le Louvre, Arts Décoratifs, Arts d’Afrique et d’Océanie ; ainsi que de collections de certains pays arabes, tels la Tunisie et la Syrie. Les articles qui y sont exposés – céramiques, habits, ustensiles, bijoux – donnent une idée sur l’histoire de la civilisation arabo-islamique. Ainsi, y trouve-t-on par exemple, des articles de la mosquée de Kaïrawane, du patrimoine Hafside, des bijoux et des habits de l’époque allant de l’Etat Aghlabide aux Ottomans. L’IMA a aussi une salle audiovisuelle qui présente au visiteur la possibilité de découvrir, par l’image et le son, le patrimoine de la civilisation arabo-musulmane.
L’Institut dispose également d’une bibliothèque dotée de plus de 50 000 livres et de 1 200 périodiques en arabe, en français, en anglais, en allemand, en espagnol et en italien. En outre, l’IMA s’est orienté vers l’organisation de multiples expositions et rencontres, dont les plus importantes sont : « le club de l’IMA » qui organise mensuellement une conférence sur un sujet d’actualité ; l’Exposition du livre ; le Festival du cinéma arabe et le Festival de musique.
Globalement, l’IMA reçoit environ un million de visiteur annuellement. Enfin, l’Institut publie un magazine culturel « Qantara » (pont) et dispense de multiples services éducatifs.
Cet intérêt àl’égard du monde arbo-musulman de la part des autorités françaises n’est pas surprenant, notamment si on se rappelle les relations de la France avec un certain nombre de pays arabes lors de la période coloniale d’une part, et de l’autre le poids de la communauté arabo-musulmane vivant en France qui atteint actuellement plus de 5 millions de personnes. Ce qui fait de la France le « premier pays islamique de l’Europe », selon l’expression même des journalistes français.
Outre ces institutions, et du fait de l’accroissement du nombre de cette communauté, de nombreuses associations ont été constituées pour exprimer les préoccupations et les attentes des émigrés arabo-musulmans de France. Après un long processus, il a été décidé en 2003 de créer une institution regroupant l’ensemble des acteurs associatifs musulmans : le « Conseil français du culte musulman », dont le conseil administratif est composé de 63 membres appartenant aux deux principales structures représentant les Musulmans, « la Fédération nationale des Musulmans de France » et « L’Union des organisations islamiques de France ». Il est présidé par le Recteur de la mosquée de Paris. Il s’agit làd’un pas non négligeable, mais la communauté arabo-musulmane estime qu’elle mérite davantage de considération, d’hommage et de traitement égalitaire avec les autres composantes de la société française fondée sur la devise : « Liberté, égalité, fraternité |