Le tourisme chinois connaît une double expansion impressionnante. D'un côté, les Chinois sont de plus en plus nombreux àse rendre àl'étranger. D'un autre, le pays doit adapter ses infrastructures pour accueillir un nombre croissant de visiteurs. De quoi modifier l'approche actuelle des grands groupes spécialisés.
"Le concept de tourisme – se rendre àl'étranger pour le plaisir et non pour les affaires – a moins de dix ans en Chine", explique l'hebdomadaire britannique The Economist, qui s'est penché sur les chiffres et a constaté que, depuis que les autorités chinoises ont cessé, en 1997, de limiter drastiquement les voyages àl'étranger, ceux-ci ont augmenté de façon considérable. En 2005, par exemple, 31 millions de Chinois sont sortis du territoire ; ils devraient être plus de 50 millions en 2010, et 100 millions en 2020. Hôteliers, restaurateurs, marchands de toutes sortes et agents de voyages du monde entier se frottent les mains.
Cependant, ày regarder de plus près, les profits ne seront peut être pas au rendez-vous. En effet, nombreux sont les Chinois qui ne vont pas plus loin que Hong Kong ou Macao, ou ceux qui se rendent dans des pays voisins le temps d'une journée, en Russie par exemple, pour jouer au casino, toujours interdit en Chine. Seuls 5 millions à6 millions de Chinois sont àranger dans la catégorie des grands voyageurs. La plupart de ceux-ci restent toutefois en Asie, dans des pays àfort potentiel touristique tels que la Thaïlande ou la Malaisie. Enfin, si 1 million de Chinois sont venus l'année dernière en Europe, ils ne sont qu'une poignée seulement àse rendre aux Etats-Unis et au Canada, pays où les entrées sont limitées et très contrôlées.
Le monde entier cherche àattirer ces touristes d'un nouveau genre. L'Ecosse, par exemple, a en mars dernier lancé sur l'ensemble du territoire chinois une campagne de promotion de ses golfs. Le Mexique et l'Afrique du Sud sont également sur les rangs. "Le potentiel est énorme", souligne le quotidien californien Los Angeles Times, qui ajoute sur le mode badin que "Venise est en train de couler rien qu'àcause du nombre de Chinois qui s'y pressent".
Quant aux priorités de ces nouveaux visiteurs, elles diffèrent sensiblement de celles des touristes habituels, Japonais en tête. Le confort des hôtels et la nourriture leur importent peu, "un lit dur et des nouilles froides suffisent àleur bonheur", précise The Economist. "Un groupe de touristes type descendra dans un hôtel bon marché, parfois situé à50 kilomètres de la ville àvisiter, se déplacera en bus et mangera exclusivement de la nourriture chinoise." Les touristes chinois n'ont qu'un objectif : économiser pour le shopping et se précipiter sur les produits de luxe. "La chaîne française Accor a bien appréhendé le problème, et a adapté cinquante-six de ses hôtels européens de milieu de gamme. Ceux-ci proposent désormais des nouilles au petit déjeuner, des programmes de télévision en chinois et un personnel parlant le mandarin", note encore le magazine.
"Le développement du tourisme chinois est àdouble sens", rapporte le quotidien britannique The Independent, qui précise qu'en 2005 120 millions de personnes ont visité la Chine. La ville de Chongqing, dans l'ouest du pays, a d'ores et déjàannoncé que le tourisme allait devenir d'ici dix ans le pilier de l'industrie locale. "Il faudra toutefois, pour réussir ce pari, outre une amélioration sensible des infrastructures, que les autorités chinoises fassent un effort en matière de droits de l'homme, de liberté d'expression et de protection de l'environnement", conclut The Independent.
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