NANSHAN (Chine) AFP- 19/12/ 2005 - Dans les montagnes proches de Pékin, depuis quelques semaines, la saison de ski a commencé dans la dizaine de stations où les Chinois privilégiés se retrouvent les week-ends sur des pistes blanchies grâce àla neige artificielle.
A une heure et demie de la capitale chinoise, Nanshan est l'un de ces nouveaux lieux de glisse qui ont éclos depuis 2000, tous gérés par des propriétaires privés décidés àprofiter de la vogue de ce sport au sein de la population urbaine.
Skieurs alpins et snowboarders se partagent le petit domaine d'une dizaine de pistes, glissant sur une neige artificielle au milieu de montagnes arides.
En cinq ans, les stations se sont multipliées, particulièrement autour de Pékin qui ne possède pourtant pas de hauts sommets.
Les skieurs, qui seraient près de 2,5 millions, pourraient atteindre les 8 millions en 2010, affirme Remigio Brunelli, un des responsables de la joint-venture créée en septembre par le groupe italien Tecnica (marques Nordica, Dolomite, Nitro et Rollerblade).
"Le niveau de vie s'élève, les Chinois ont aussi plus de temps pour les loisirs", dit-il.
L'Europe et les Etats-Unis étant arrivés àsaturation, beaucoup voient dans la Chine le marché d'avenir, même si le climat est rude et l'altitude n'est pas toujours là.
Alors qu'un important groupe canadien projette d'investir en Mandchourie (nord-est) dans la station historique de Yabuli, l'une des premières en Chine, les principales marques se disputent les faveurs des nouvelles stations pour vendre chaussures et paires de skis.
Outre le matériel, elles proposent souvent des partenariats qui passent par la mise àdisposition de moniteurs de ski, qu'ils soient français, autrichiens ou suisses, pour former l'encadrement chinois.
"La Chine sera un marché porteur dès que cela sera un peu organisé, toutes ces petites stations autour de Pékin tournent de décembre àmars, il est difficile de rentabiliser les investissements", estime Richard Prothet, directeur commercial du groupe Rossignol, qui suit la Chine depuis huit ans et voit l'avenir dans des stations "àla française", susceptibles de fonctionner toute l'année avec des activités d'été (randonnées, alpinisme, vélos de montagne).
Un autre obstacle au développement du ski pourrait être politique. En ces temps où le gouvernement prône une croissance plus respectueuse de l'environnement et moins inégalitaire, les stations de ski, réservées àune élite, pourraient être sur la sellette.
Le premier coup de semonce est venu cet été. Un universitaire, membre de l'Académie de développement du tourisme de l'Université des études internationales de Pékin, a dénoncé le gaspillage de l'eau utilisée pour fabriquer la neige artificielle, affirmant que les 13 stations de ski autour de la ville consommaient en une année autant d'eau -- un bien rare dans cette partie de la Chine -- que 42.000 habitants.
"L'eau est tellement précieuse àPékin. Les Pékinois peuvent vivre sans skier, mais ils ne peuvent vivre sans eau", a lancé Wang Fude, demandant la fin du développement des stations.
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