Cameroun Link -01/02/2010
Comment un pays si riche en potentialité touristique peut-il être réduit à se contenter d’un résultat aussi petit. L’OMT relève que les destinations méditerranéennes, arabes et africaines doivent montrer un visage plus attractif, notamment par des campagnes de promotion plus agressives et une diversification de leurs produits touristiques, l’avons-nous fait ? Pas suffisamment peut être.
L’organisation mondiale du tourisme estime «très faibles» les parts actuelles dans le tourisme mondial des régions de l’Afrique (5%) et de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (6%), par rapport aux larges potentialités recelées. A noter également que le secrétaire général de l’OMT a avoué que l’Organisation ne cache pas ses craintes de voir une persistance de la baisse de la demande en 2010. Dans cette étude publiée en décembre 2009 et reprise jeudi 31 décembre de la même année par Radio France internationale (Rfi), le Cameroun n’y figure nullement.
Pire, sur le continent noir, il n’y a que l’Afrique du Sud qui fait partie des 10 destinations de voyage recensées par cette étude. Dans ce classement mondial, le pays du président Jacob Zuma occupe la première place. Il est ainsi devant respectivement Istanbul (Turquie), Las Vegas (Etats unis d’Amérique), Vancouver (Canada), Punta Cana (République dominicaine), Dubrovnik (Croatie), New York (Etats unis d’Amérique), les Maldives et Delhi (Inde).
En outre, il y a lieu de noter les fortes inégalités qui existent au sein du continent africain (hors pays du Moyen - Orient). En effet, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), trois pays, l’Afrique du Sud, la Tunisie, et le Maroc attirent à eux seuls 60% des recettes avec 56% des arrivées. Viennent ensuite le Kenya, la petite île Maurice et la Tanzanie, la quarantaine de pays africains restants ne recueillent pour l’instant que des miettes. Les touristes n’y représente qu’une infime partie du produit national brut (moins de 2% en moyenne) à l’exception de Maurice (11%) et des Seychelles (20%) ! Ces îles paradis de l’océan indien qui, depuis des années ont beaucoup investi dans ce secteur en récoltent aujourd’hui les fruits. Qui visite le plus l’Afrique ? Les Européens bien sûr, en raison de leur proximité et de leur passé colonial. Les quelques 1 450 000 Allemands optent pour la Tunisie et l’Afrique du Sud, idem pour les Britanniques (892 000). Quant aux Américains du nord (346 000 en provenance des USA et 100 000 Canadiens) et aux Japonais (68 000) ils séjournent de préférence au Maroc et en Afrique du Sud. Toujours le même tiercé dans le désordre : Afrique du Sud, Maroc, Tunisie.
La suprématie de la bande des trois tient d’ailleurs moins à leurs richesses culturelles ou naturelles qu’à leurs efforts pour les rendre plus accessibles et surtout à les faire connaître à l’extérieur. L’OMT explique, en effet, la faible fréquentation touristique du continent par le manque d’infrastructures, carence chronique des transports, le marketing inadéquat, des budgets de commercialisation insuffisants et un manque d’appui politique à l’industrie du tourisme. Autrement dit en positif, avec plus de lits, plus de lignes, plus de publicité mieux ciblée, l’Afrique pourrait s’offrir quelques belles parts de marché. Les animaux sauvage et la flore restent les attrais principaux de l’Afrique. Le Kenya les ont valorisés depuis longtemps et plus récemment le Zimbabwe. Le XIe Congrès forestier mondial qui s’est tenu en Turquie du 13 au 22 octobre dernier s’est lui aussi intéressé aux atouts de l’Afrique en matière de tourisme et plus particulièrement sur celui axé sur la flore et la faune sauvage. » les aires protégés d’Afrique sont des produits à valeur commerciale élevée », Peut-on lire dans un rapport publié à cette occasion. On estime qu’un lion vivant rapporte 27 000 dollars US par an par le biais du tourisme photographique notamment, alors qu’un troupeau d’éléphants génère 610 000 $ de recette par an ! Parmi les multiples retombées du tourisme pour les populations locales, le rapport cite une plus forte demande pour les produits agricoles.
« S’il est planifié et géré de façon correcte le tourisme est à la fois une industrie non polluante et renouvelable », poursuit le document qui souligne que « les aires protégées doivent être considérées comme servant d’abord la conservation de la biodiversité et ensuite comme apportant un bénéfice économique.
Au Cameroun, entre 2001 et 2005, l’activité touristique a évoluée en dent de scie. En 2001, sa valeur ajoutée était de 147,02 milliards de francs CFA, contre 142,64 milliards en 2002, 179,62 milliards en 2003, 174,89 milliards en 2004 et 192,62 milliards en 2005 », indique un article publié en 2008 par l’agence de presse Chine nouvelle qui cite une source au Ministère du Tourisme (Mintour).
Certes, la position du Cameroun, dans ce contexte mondial très concurrentiel, est marginale, mais le pays des Lions indomptable réunit les conditions pour développer le tourisme. A six heures de l’Europe, principal marché émetteur à l’échelle mondiale, avec 400 km de plages susceptibles d’être aménagées et 3 040 heures de soleil par an dans les paysages lunaires de l’extrême nord (ce qui en fait l’un des pays les plus ensoleillés du monde), le pays à l’essentiel de ce qu’il faut pour se doter d’un secteur touristique moderne.
Maintenant, il appartient aux Camerounais et aux investisseurs étrangers de les valoriser. Mais il faut surtout de la participation du secteur privé nationale et du soutien actif de l’Etat qui doit commencer par l’effectivité de la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) en 2010. Une baisse très attendue d’ailleurs par les patrons et investisseurs de l’industrie hôtelière du pays.
Mais en ce début d’année animé par la relance de l’opération épervier quel est l’objectif que le Mintour a fixé ? Quels moyens seront mis en jeu, quel politique marketing va permettre d’atteindre ces objectifs ? Le conseil national du tourisme s’est tenu en fin d’année 2009 et le premier ministre a relancé à l’issu de ce conseil la création d’un office du tourisme qui dort dans les tiroirs depuis plus de dix ans et dont le ministre actuel parle dans tous ses discours et interview, Pourra t- elle enfin voir le jour ? Est-ce à nouveau du folklore ? Qu’est devenu le projet de l’hôtel Marriot à Douala ? Qu’en est-il du patrimoine hôtelier de l’Etat ? Les produits de la filière tourisme de l’université de Yaoundé I seront-ils intégrés dans la politique touristique actuelle ? Pourquoi les opérateurs privés d’envergure n’investissent pas dans le tourisme camerounais ? Les lois seront-elles respectées et les transgressions punis ? Voilà des questions qui poussent à accuser les hauts responsables de ce pays à être considéré comme les premiers freins au développement touristique du Cameroun. |