(AFP) 23/12/2005 - De la France àl'Espagne, en passant par la Grèce, les grands pays touristiques européens se livrent une vive concurrence en Chine pour attirer les nouveaux clients du géant asiatique.
"Le tourisme chinois est en expansion très forte, je ne pense pas qu'il y ait àl'heure actuelle un autre marché qui ait une telle dynamique, sauf peut-être l'Inde", note Jean-Michel Harzic, représentant de Maison de la France, organisme de promotion du tourisme dans l'Hexagone.
Depuis un an, les groupes chinois peuvent se rendre dans la plupart des pays de l'Union européenne, qui ont reçu le statut de "destination autorisée", ce qui permet des procédures de délivrance de visa simplifiées.
Alors que l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) estime que 100 millions de Chinois voyageront àl'étranger en 2020, contre 29 millions en 2004, une étude récente, réalisée par CLSA, premier courtier asiatique, va encore plus loin, plaçant la Chine au premier rang des pays "émetteurs" en 2020 avec 115 millions de touristes.
En prévision de cette arrivée, la plupart des grands pays touristiques européens ont ouvert des bureaux de promotion.
Dans les rues glaciales de Pékin, sur des panneaux publicitaires, un couple s'embrasse, caché par un chapeau, sur fond de plage et de mer turquoise. C'est la Grèce qui fait sa promotion.
La Suisse, elle, a organisé récemment une compétition de ski, agrémentée d'une démonstration du traditionnel cor des Alpes, dans la toute nouvelle salle de ski couverte de Pékin fréquentée par les habitants les plus privilégiés.
Pour sa part, Maison de la France a organisé en décembre, pour la cinquième fois, àPékin, Shanghai et Canton, "Saveurs de la France": une rencontre entre 35 représentants de villes, régions, départements, grands magasins parisiens ou hôtels français et des agences de voyages et journalistes chinois.
Pour Philippe Ruiz, directeur commercial de Fragonard, un parfumeur de Grasse (sud de la France), qui gère àla fois des usines et des musées, la clientèle chinoise représente déjàun "beau marché".
Fragonard, dont la formule est de proposer des visites gratuites avec l'idée de vendre àla fin ses produits, travaille avec plusieurs agences chinoises, ce qui lui permet de recevoir "plus de 20.000 Chinois par an", dit-il.
Cependant, s'il y a un an, lors de l'arrivée des premiers groupes chinois en Europe, le tapis rouge a été déroulé, la manne promise n'est pas encore là.
Hong Kong et Macao sont encore les principales destinations et, lorsqu'ils se rendent en Europe, la majorité des touristes chinois voyagent surtout économique, descendant dans des hôtels bon marché et fréquentant les restaurants chinois.
"Aujourd'hui les +packages+ (forfaits) avec la visite de sept, huit pays en 12 jours sont encore trop fréquents, on le déplore parce que ce n'est pas un bon produit", dit M. Harzic.
L'une des responsables de l'office de tourisme autrichien, Guo Lihua, note que "beaucoup de groupes touristiques emportent leurs propres guides".
"Peu de gens demandent des renseignements sur les vrais guides spécialisés, car leurs commissions sont particulièrements chères", ajoute-t-elle.
Présente à"Saveurs de France", Christelle Mesnil, représentante du Centre des monuments nationaux (Monum), prône la patience.
"Ils vont très bientôt avoir envie de voir autre chose que les itinéraires qu'on leur propose actuellement. Nous capitalisons sur le moyen, long terme, trois àcinq ans", dit-elle.
Pour l'heure, la clientèle la plus intéressante reste les délégations officielles et les hommes d'affaires, au pouvoir d'achat plus conséquent.
"Pour nous, les délégations officielles et commerciales, c'est le tourisme le plus appétissant", affirme Arturo Claver, conseiller du tourisme àl'ambassade d'Espagne.
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