le-Matin -13/02/2008
Déjà en vogue aux Etats-Unis d'Amérique et en Europe où il est né dans les années 60, le tourisme rural connaît un essor sans cesse croissant dû essentiellement aux changements sociologiques qui affectent les régions, mais aussi aux succès des activités de pleine nature (recherche de l'ouverture, de l'exotisme et de la découverte de la nature).
Pour le Maroc, le développement du tourisme rural est devenu l'une des priorités afin de repositionner l'image du pays par la promotion d'un produit alternatif capable de le différencier par rapport à la concurrence et participer ainsi aux développements économique et social des populations rurales par la dynamisation des économies locales, la création d'emplois.
On distingue quatre catégories de produits qui se rapportent à ce concept. Le «tourisme en auberges rurales». Implantées en montagne et dans les régions boisées, ces petites unités hôtelières proposent un accueil chaleureux, un confort rustique et une cuisine du terroir. Autour de ces unités, se développent des activités de sports et de loisirs telles la chasse, la pêche, la randonnée, etc. Le chalet des skieurs du Ski Club d'Ifrane, implanté depuis les années 30 au c?ur du Moyen Atlas à quelques mètres seulement du cratère du Michlifen, peut bien faire l'affaire pour relancer ce genre de tourisme dans cette province. Le «tourisme de la ferme et l'agrotourisme». C'est la formule la plus authentiquement rurale basée sur le séjour dans une ferme chez le paysan et sur la participation à la vie campagnarde (travaux de champs, vendanges, cueillette, entretien des animaux...).
D'autres activités peuvent se développer tout autour comme la randonnée sous toutes ses formes équestre, pédestre ou à VTT, la pêche et la chasse. Ce genre d'activités touristiques sont malheureusement inexistantes au Maroc, mais présentent des potentialités certaines pour leur développement dans la région du Moyen Atlas qui recèle des atouts, surtout au niveau de la région d'Ifrane qui constitue l'arrière-pays des grands centres urbains (Meknès-Tafilalet et Fès- Boulemane). Et la commune rurale de Dayet Aoua, avec ses lacs et ses belles fermes implantées en plein milieu de vergers, s'offre belle et bien pour la promotion de ce créneau encore inconnu dans notre pays.
«L'écotourisme» est basé sur la découverte de la nature, des modes de vie des populations locales; il est une activité qui prend en ligne de compte la préservation de l'environnement, du patrimoine et des traditions locales et qui participe au développement local. Les espaces privilégiés pour le développement de l'écotourisme au Maroc sont, sans aucun doute, les réserves naturelles, les parcs nationaux et régionaux.
Leur développement est encore très timide mais plusieurs actions sont engagées dans ce sens par l'Etat, notamment dans le Toubkal, le Tazeka et au Souss-Massa. L'écotourisme est également une activité qui peut très bien se développer dans le parc national d'Ifrane où l'on constate déjà l'effet de certaines associations et clubs ainsi que de quelques agences spécialisées de Kénitra et de Casablanca. Le développement de ce nouveau créneau devrait se faire en concertation avec le département des Eaux et Forêts dans le cadre de sa stratégie concernant les aires à protéger. Le «tourisme itinérant ou tourisme de montagne» est la formule la plus sportive du tourisme rural basée sur la découverte d'une région par étapes, à pied, à cheval ou en VTT.
C'est également la forme la plus développée au Maroc, essentiellement dans les zones de montagnes du Haut Atlas et de l'Anti-Atlas et c'est la randonnée pédestre qui en constitue, de nos jours, la principale activité. D'autres activités sportives se sont développées dans la région telles que les ‘'sports des eaux vives'', l'escalade et le "canyoning''. A propos du «tourisme de montagne» en vogue justement dans la région du Haut Atlas et de l'Anti-Atlas, il ressort des derniers chiffres qu'au niveau de la fréquentation, le nombre des touristes est passé de 7.000 en 1980 à plus de 50.000 actuellement avec un taux de retour qui dépasse les 25%, alors que le «tourisme classique», lui, n'a enregistré que 5%.
Au niveau de la qualité du «tourisme de montagne», il s'est avéré qu'il s'agit là d'une activité respectueuse de l'environnement et des traditions socioculturelles des populations. Il a eu des retombées économiques positives directes sur les gîtes, les guides, les muletiers et les cuisiniers et des retombées économiques
indirectes sur l'agriculture, l'artisanat...
On constate aussi une certaine stabilisation des jeunes dans les contrées attirés par le domaine touristique offrant des activités rémunératrices et attrayantes. Si ce type de tourisme s'est révélé être un véritable moteur économique des régions de montagne, on ne pourrait nier les effets pervers qui peuvent être induits par son développement, notamment le risque de déséquilibre écologique.
Pour cela, le développement de ce créneau dans les massifs du Moyen Atlas doit prendre en considération les acquis de cette expérience et adopter des actions à entreprendre en corrélation avec les spécificités naturelles et humaines de cette région, et ce en étroite concertation avec tous les intervenants dans la filière et les populations concernées.
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