Espace Manager - 27 févr. 2009
Dernièrement, un conseil ministériel fut consacré au tourisme tunisien et aux moyens d'en améliorer les performances, déjà bonnes. Il y était surtout recommandé d'adopter une approche marketing pragmatique et up to date, High Tech, en d'autres termes.
Ces recommandations reflètent la prise de conscience au niveau le plus haut de l'état de la nécessité de s'adapter à un contexte mondial très concurrentiel, mais en même temps très ouvert à qui saurait en maîtriser les outils.
En effet, si l'on devait donner des exemples, peut-être que le marché du tourisme et de l'artisanat qui lui est lié seraient les plus représentatifs :
Les touristes qui viennent en Tunisie, tout le monde le voit et tout le monde le sait, ne viennent pas de bien loin, et ne dépensent pas beaucoup non plus. Or quels sont les touristes les plus courtisés, les plus convoités si ce n'est les Japonais ?
Et ceux là nous en voyons très peu en Tunisie, et nous aurions tout intérêt à ce qu'il soient plus nombreux car ce sont ceux qui dépensent le plus, mais en même temps ceux qui apprécient le plus la valeur ajoutée d'un produit aussi bien touristique que culturel. L'argument selon lequel le touriste japonais habite trop loin de chez nous ne tient pas puisque l'on voit des Japonais en Italie, en Espagne en France etc. et en très grand nombre.
Alors que nous manque-t-il pour que les Japonais débarquent ?
Le Japonais, tout en étant ouvert sur le monde, n'en vénère pas moins l'histoire et la culture, les siennes aussi bien que celles des autres, et un Japonais qui part en voyage sait très bien où il veut aller et ce qu'il veut y trouver, c'est-à-dire généralement une histoire, une culture et des monuments que l'on peut nommer et reconnaître.
C'est ainsi que s'il va en France, c'est pour aller entre autres à Paris où il visitera immanquablement Le Louvre, Les Invalides, l'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel, le Trocadéro et le Château de Versailles; et s'il va en Italie c'est pour voir Rome, Venise, Pompéi, Florence et Pise etc. or tout japonais qui a fait des études secondaires sait qu'il y a eu une grande ville qui s'appelait Carthage, qu'elle avait une grande civilisation et qu'elle s'opposait à Rome, et il a même entendu parler de Hannibal et des guerres puniques.
Il ne resterait donc plus qu'à lui situer Carthage et son port Punique, lui parler d'Utique, lui faire entrevoir le Colisée d'El Jem et Sbeitla, et, pourquoi pas, lui suggérer que même son voyage à Rome ne serait pas complet s'il n'est pas suivi par un passage à Carthage.
Bien sûr aussi, le guide qui serait édité à son intention regorgerait d'indications diverses, d'anecdotes et de petite histoire comme en raffolent tous les touristes, de même que d'indications sur les différents produits de l'artisanat qu'ils peut trouver sur place et surtout se rapportant à l'histoire ci haut mentionnée.
Et puis n'oublions pas, et ceci est valable pour toutes nos activités tournées vers l'exportation, que rien ne vaut la connaissance du client auquel on prétend s'adresser, surtout s'il s'agit de marchés tels que ceux du Sud-est asiatique en particulier, et de l'Asie en général.
En effet, comme tous les peuples qui ont une longue histoire derrière eux, ses populations sont sensibles aux gestes d'approche esquissés à leur égard, et apprécieront d'autant plus un potentiel fournisseur qui aura fait l'effort d'apprendre leur langue et leurs coutumes pour mieux les approcher.
Bref, nos produits, pour mieux se vendre, doivent être dotés d'une valeur ajoutée qui les distinguera des autres produits similaires, et non pas être proposés au hasard, parce que d'autres produits équivalents sont proposés. Et cela reste notre tâche, car personne d'autre ne peut le faire pour nous!
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