La Presse (Tunis) le 21 Mai 2006
L'accident subi par la compagnie tunisienne, Tuninter, l'année dernière en haute saison, fait partie maintenant du passé. La compagnie prévoit, en effet, un programme de développement et de renouvellement de sa flotte.
«C'était juste une épreuve que la compagnie a pu gérer et surmonter», affirme son président-directeur général lors d'un entretien avec La Presse. Au fait, il y avait eu doute, même auprès de certains responsables tunisiens, puisqu'il s'agit bien d'une compagnie publique où Tunisair détient plus de 80% du capital. Tuninter étant déficitaire sur les lignes intérieures, «elle n'a pu équilibrer ses finances qu'en s'ouvrant sur l'international, principalement le marché italien», précise-t-il. Le taux d'occupation moyen des vols est de 75% et la moyenne des tarifs appliqués est de 100 dinars en moyenne. «140 dinars c'est le plein tarif appliqué pour les clients individuels», souligne-t-il. L'ouverture sur l'international était en amélioration : 20% de l'activité en 2002, puis 30% en 2003 et 2004.
Or, avec l'accident survenu en pleine saison estivale, le 6 août 2005, cette tendance a été interrompue et il y avait un grand effort à fournir pour prouver qu'il s'agissait d'une exception.
Selon le premier responsable de Tuninter, cet accident est survenu au moment où la compagnie a commencé à prendre un élan sur le marché italien. Tuninter exploitait trois appareils en plus d'un quatrième en location à partir de 2004. Et il y avait encore du potentiel puisque le nombre de touristes italiens qui passent leurs vacances estivales en Tunisie représente, sans aucune raison, la moitié du marché français et allemand (1 million sur chaque marché).
Le 2 février 2006, la compagnie obtient son certificat ISO pour une durée de 3 ans, signé par le bureau allemand Tأ¼vCert. Son président-directeur général expose à Bruxelles devant les responsables et les experts européens les résultats d'un audit réalisé par un cabinet français, Veritas, sur les différents processus de la compagnie, contrôle technique, formation des compétences, qualités des services, etc. Tuninter était la seule compagnie à avoir obtenu 100% des votes pour rétablir son activité. Et les tour-opérateurs italiens de défendre la compagnie auprès des autorités italiennes et de rétablir la confiance auprès des familles des victimes, qui réclamaient le non-retour de Tuninter sur l'Italie.
C'étaient les trois principaux arguments ayant permis à l'entreprise de reprendre son activité sur l'Italie. Des experts italiens ont témoigné que la compagnie était dans la moyenne européenne. Le bureau français d'audit a souligné que «l'organisation de la direction technique est adaptée et pertinente» et que «les personnels techniques impliqués dans les processus d'entretien possèdent les formations et expériences des métiers compatibles avec les exigences européennes en matière de personnel». «Le certificat ISO lui-même est donné généralement pour un ou plusieurs services bien déterminés pour uniquement une année, alors que pour Tuninter, c'est pour trois ans et pour tous les services», relève M. Zouari en insistant sur le fait de continuité. «Malgré la perte d'un appareil, Tuninter a poursuivi son activité et honoré ses engagements», a-t-il noté.
Pour l'année 2006, Tuninter compte poursuivre l'élan pris en 2004. Durant la basse saison, elle a exploité en location un programme de vols de Tunisair, mais à partir du mois en cours, avec l'augmentation des flux, il serait question de louer un avion étranger. «Nous avons préféré, dans la mesure du possible, exploiter le pavillon national. Cette option ne serait pas possible lors de l'augmentation de la demande en été. Même Tunisair serait dans l'option de louer des avions en cas de besoin».
Pour le marché italien précisément, la compagnie compte sur sa bonne réputation auprès des tour-opérateurs et sur sa représentation à Palerme. A la question de la concurrence, M. Zouari répond que la compagnie a réussi à développer une clientèle de niche à travers les aéroports régionaux italiens. La concurrence, à l'heure de l'ouverture des cieux, qui vise plutôt les grandes agglomérations, ne risque pas de perturber sa tendance haussière en Italie, et encore moins sur les lignes intérieures tunisiennes. M. Zouari rappelle, à cet effet, l'objectif initial de créer Tuninter, soit de désenclaver les régions et de développer le tourisme intérieur. Un but de développement régional pur.
|