tv2.org : 16/4/2006
SOWETO (Afrique du Sud) (AFP) - En plein boom économique depuis l'avènement de la démocratie sud-africaine, l'ancien ghetto noir de Soweto va bientôt inaugurer son premier hôtel de luxe pour séduire les touristes, de plus en plus nombreux, dans ce haut lieu de la lutte anti-apartheid.
L'hôtel s'élève au coeur du quartier historique de Kliptown. Ses balcons futuristes de béton brut surplombent les rues de l'ancien ghetto où charrettes àchevaux et taxis collectifs slaloment entre cages de poulets et étals colorés de tomates, papayes et marchandises àdeux sous.
C'est ce quartier qui a vu en 1955 les militants anti-apartheid signer la Charte de la liberté, pilier de la nouvelle démocratie, qui stipule "l'Afrique du Sud appartient àtous ceux qui y vivent, blancs ou noirs".
L'hôtel quatre étoiles, qui doit être inauguré en octobre, s'élève sur Freedom Square, une gigantesque place inaugurée en juin dernier et où brûle la flamme éternelle de la liberté.
Ce complexe d'un style ultra-moderne, fer de lance de la réhabilitation de Kliptown aujourd'hui cerné par les bidonvilles, abrite aussi un office de tourisme, un musée en plein air sur l'histoire de la Charte, des boutiques, une gare routière et bientôt un marché couvert et des restaurants.
Le ministre du Tourisme, Marthinus van Schalkwyk, qui a visité cette semaine le chantier du "Freedom Square Hotel", s'est dit "impressionné par ce projet" de 20 millions de rands (3,3 millions USD/2,6 millions EUR).
"C'est important d'avoir un hôtel de cette catégorie àSoweto car beaucoup de touristes étrangers viennent ici (...) Il y a quelques +bed and breakfast+, mais ce n'est pas suffisant", a-t-il déclaré aux journalistes.
Chaque année, plus de 200.000 visiteurs sillonnent le township: de la rue Vilakazi, la seule du monde où aient vécu deux prix Nobel - les héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela et Desmond Tutu - au Mémorial Hector Petersen qui rend hommage aux victimes des émeutes de 1976 - en passant par l'église Regina Mundi, siège de meetings politiques durant le régime raciste.
Mais si les B&B ont poussé comme des champignons depuis la fin de l'apartheid en 1994, Soweto n'en compte encore que 34 dûment répertoriés et comptant chacun deux chambres en moyenne.
Le nouvel hôtel "comptera 48 chambres, dont deux suites, et les prix devraient aller de 450 à600 rands (75 à100 USD/60 à80 EUR)", a précisé àl'AFP Lindiwe Sangweni-Siddo, directrice générale du groupe Zatic, àl'origine du projet.
Il sera décoré dans un style àla fois design et africain, avec des tissus aux couleurs chaudes et des oeuvres d'art et d'artisanat local. Il lancera aussi un clin d'oeil au passé avec un papier-peint dans les toilettes reprenant des coupures de presse sur les grands évènements de Soweto.
Zatic, fondé en 2005, est un partenariat entre des professionnels du tourisme et une association de Kliptown, Ipelegeng Youth Leadership Development Programme, spécialisée dans la réinsertion des jeunes.
"Pour les habitants, ce projet est une reconnaissance et leur donne l'espoir de nouvelles opportunités", a expliqué Peter Mbuli, président d'Ipelegeng, soulignant que ce n'est pas négligeable avec un taux de chômage de plus de 40%.
Le Freedom Square Hotel créera "48 emplois permanents et donnera du travail àdes centaines de personnes de Kliptown, avec les services comme la blanchisserie", a précisé Mme Sangweni-Siddo.
"Mais surtout, a-t-elle ajouté, notre tâche consistera àformer les jeunes de cette communauté qui veulent travailler dans le tourisme", gage d'avenir dans un secteur en expansion et déjàau quatrième rang de l'économie sud-africaine.
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